Le verdict est tombé. L'ancien producteur de cinéma Harvey Weinstein a été reconnu coupable d'agression sexuelle et de viol lundi par un jury de Manhattan. Mais celui-ci a été disculpé de la circonstance aggravante de comportement «prédateur», qui divisait le jury new-yorkais. Il évite ainsi la prison à perpétuité.
Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats, mais on sait déjà que le producteur déchu risque jusqu'à 25 ans de prison pour les deux chefs d'accusation retenus : l'agression sexuelle sur l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi en 2016 et le viol subi par l'aspirante actrice Jessica Mann en 2013. Sa peine sera annoncée le 11 mars prochain. D'ici là, il sera derrière les barreaux, puisqu'il a été menotté et incarcéré sans caution dès l'annonce du verdict de son procès.
Il s'agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo. En effet, celle de l'acteur Bill Cosby en 2018 résultait de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement de libération de la parole des femmes ne commence en octobre 2017. Elle pourrait constituer un tournant pour #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d'affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations. Pour le mouvement Time's Up, créée dans le sillage de #MeToo pour soutenir les femmes victimes d'agressions ou de harcèlement sexuels, la condamnation d'Harvey Weinstein marque «une nouvelle ère pour la justice».
Au terme d'un mois d'un procès ultra-médiatisé, le jury eu besoin de plus de 26 heures de délibérations sur cinq jours pour parvenir à une décision à l'unanimité sur certains chefs d'accusation, condition nécessaire pour prononcer un verdict. Il a finalement décidé de ne retenir que les deux chefs les moins graves, et d'écarter le chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout la circonstance aggravante de comportement «prédateur», qui aurait pu valoir à Harvey Weinstein la prison à vie et sur laquelle les jurés - sept hommes et cinq femmes - étaient profondément divisés.
L'ancien magnat d'Hollywood n'en a pas fini avec la justice, puisqu'il doit encore répondre d'une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.