Il implore la «compassion». Bernard Madoff, auteur de la pire escroquerie financière de l'histoire et condamné à 150 ans de prison en 2009, a demandé ce mercredi 5 février sa libération anticipée, se disant mourant.
«Madoff ne conteste pas la gravité de ses crimes, ni ne cherche à minimiser les souffrances de ses victimes», écrit son avocat, Brandon Sample, dans son recours enregistré mercredi auprès d'un juge fédéral de Manhattan. «Madoff demande humblement à ce tribunal un minimum de compassion», poursuit-il, la «compassion» pouvant être invoquée aux Etats-Unis pour une telle requête.
Selon son avocat, Bernard Madoff, 81 ans, souffre d'une maladie des reins chronique en phase terminale. Dans des entretiens téléphoniques avec le Washington Post, le financier a expliqué être cloué dans un fauteuil roulant et ne pas être éligible à une greffe en raison de son grand âge. «Je suis mortellement malade», a indiqué le détenu. «Il n'y a pas de guérison pour ce genre de maladie. J'ai déjà purgé 11 ans, et franchement, j'en ai souffert.»
En septembre dernier, le Bureau fédéral des prisons estimait lui-même que Bernard Madoff - qui souffre de plusieurs autres soucis de santé (maladie cardiaque, hypertension artérielle, problèmes respiratoires...) - avait «moins de 18 mois à vivre», peut-on lire dans le dossier de demande de libération. En vertu des lois fédérales, les détenus atteints d'une maladie incurable et n'ayant plus que 18 mois à vivre (ou moins) peuvent obtenir une remise en liberté anticipée.
Un vol estimé entre 25 et 63 milliards de dollars
Le financier américain, incarcéré depuis juillet 2009, purge actuellement sa peine dans la prison médicalisée de Butner, en Caroline du Nord, selon les données du Bureau des prisons, qui affiche une date théorique de remise en liberté en 2139. Il y a onze ans, Bernard Madoff a en effet été condamné à 150 ans de prison - la peine maximale -, après avoir plaidé coupable de onze chefs d'inculpation, notamment de fraude et de blanchiment d'argent. Cette figure respectée de Wall Street, ancien président du Nasdaq - l'une des principales bourses américaines - dans les années 1970, était accusé d'être à l'origine de la plus grande arnaque à la pyramide de Ponzi de l'histoire.
Concrètement, l'argent que confiaient ses clients à sa société de conseil en investissement n'était pas placé, mais volé par Bernard Madoff pour en faire profiter sa famille et ses amis. Pour que l'escroquerie ne soit pas mise au jour, il piochait dans les fonds des nouveaux investisseurs pour rétribuer ou rembourser les plus anciens. Sauf que son château de cartes s'est écroulé lorsque la crise financière a éclaté en décembre 2008, de nombreux investisseurs affolés demandant alors à récupérer leur dû. Le montant total du préjudice a été estimé entre 25 et 63 milliards de dollars (entre 23 et 57 milliards d'euros), selon qu'on compte ou non les intérêts. A ce jour, seulement 13 milliards de dollars (12 milliards d'euros) auraient été rendus aux victimes, parmi lesquels des célébrités, des investisseurs et des retraités.
L'été dernier, Bernard Madoff - qui a perdu deux fils depuis 2009, l'un d'un suicide, l'autre d'un cancer - avait demandé une réduction de peine au président Donald Trump, qui ne lui avait pas été accordée, les experts juridiques soulignant l'ampleur de son crime.