Une analogie douteuse. L'ambassadeur de Chine en Israël s'est excusé ce dimanche 2 février, après avoir comparé la décision de plusieurs pays de fermer leurs frontières aux voyageurs chinois, par peur de la propagation du coronavirus de Wuhan, au refoulement des réfugiés juifs durant l'Holocauste.
Lors d'une conférence de presse à Tel Aviv, Dai Yuming avait déclaré que «les erreurs visant à limiter ou même interdire l'entrée aux citoyens chinois» lui rappelaient «les vieilles histoires qui se sont produites pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Holocauste, les jours les plus sombres de l'histoire de l'humanité». «Des millions de Juifs ont été tués et beaucoup beaucoup de Juifs ont été rejetés lorsqu'ils ont tenté de demander de l'aide à d'autres pays. Seuls très très peu de pays ont ouvert leur porte, et parmi eux la Chine. J'espère qu'Israël ne fermera jamais sa porte aux Chinois», a poursuivi le diplomate devant les journalistes, quelques jours après le 75e anniversaire de la libération du camp nazi d'Auschwitz.
Une référence non voilée aux près de 30.000 Juifs européens, fuyant les Nazis et la Shoah, qui se sont réfugiés à Shanghai entre 1933 et 1941, d'après les chiffres de l'ONU, reprenant ceux du centre Simon-Wiesenthal, une ONG américaine. Mais, comme le souligne le site d'information américain Quartz, cette analogie est incorrecte. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, la Chine ne contrôlait pas les entrées à Shanghai, en vertu du traité de Nankin signé avec les puissances occidentales, qui avait contraint Pékin à ouvrir au commerce cinq ports, dont celui de Shanghai, qui bénéficiaient d'un statut d'extraterritorialité.
L'ambassade a présenté ses excuses
Après cette sortie polémique de Dai Yuming, l'ambassade de Chine en Israël a publié un communiqué d'excuse, déclarant «qu'il n'y avait aucune intention de comparer les jours sombres de l'Holocauste avec la situation actuelle et les efforts faits par le gouvernement israélien pour protéger ses citoyens». «Nous aimerions nous excuser si quelqu'un a mal compris notre message», a-t-elle ajouté.
Un mea-culpa qui ne cache pas la profonde irritation de Pékin vis-à-vis des restrictions de voyage imposées à ses ressortissants, notamment de la part d'Israël, qui a suspendu jeudi tous les vols directs avec la Chine, et autorisé ses agents à la frontière à refuser l'entrée dans le pays aux citoyens non-israéliens ayant été en Chine durant les deux dernières semaines.