L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé ce jeudi 30 janvier que le coronavirus apparu en Chine et qui s'est étendu à plusieurs pays dans le monde constitue «une urgence de santé publique de portée internationale».
Une mesure qui figure dans le Règlement sanitaire international (RSI), adopté par 196 pays en 2005. Ce type de consultations du collège d'experts réunis par l'OMS est plutôt rare, ce qui souligne l'inquiétude de l'organisation à propos de la possibilité d'une propagation du virus chinois, appartenant à la famille des coronavirus, à un niveau mondial.
Concrètement, une «urgence de santé publique de portée internationale» correspond à «un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres Etats en raison du risque de propagation internationale de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée». Cette définition suppose une situation «grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue» qui a «des répercussions pour la santé publique au-delà des frontières nationales de l’Etat touché» et qui peut exiger une action internationale immédiate.
De nombreuses recommandations possibles
Le comité d'urgence de l'OMS n'a qu'un rôle consultatif, c'est ensuite au directeur général de l'instance - qui est actuellement Tedros Adhanom Ghebreyesus - de prendre la décision de classer l'épidémie en «urgence de santé publique de portée internationale». Si une telle mesure est prise, des recommandations temporaires - qui doivent être renouvelées tous les trois mois - sont émises par l'OMS pour faire face à l'épidémie, qui peuvent être à destination seulement du pays confronté à l'urgence ou bien également à d'autres Etats.
The decision about whether or not to declare a public health emergency of international concern on new #coronavirus is one I take extremely seriously, and one I am only prepared to make with appropriate consideration of all the evidence.
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) January 22, 2020
Ces recommandations sanitaires sont variées. Elles peuvent concerner les personnes, les bagages, les cargaisons, les conteneurs, les moyens de transport, les marchandises ou encore les colis postaux. L'OMS peut par exemple conseiller aux Etats d'exiger des personnes des examens médicaux ou une vaccination, de placer en quarantaine celles qui sont suspectes, voire de refuser l'entrée dans le pays aux individus suspects et affectés, ou encore de réclamer la destruction des bagages ou marchandises infectés ou suspects.
Eviter à tout prix les restrictions aux voyages
«Le RSI comprend également des mesures particulières à mettre en application dans les ports et les aéroports, ainsi qu’aux postes-frontières dans le but de limiter la propagation des risques pour la santé publique vers les pays voisins», explique l'OMS sur son site web. Elles peuvent comprendre la mise en place de contrôles systématiques pour les voyageurs à l'arrivée et au départ du pays, l'obligation que leurs bagages soient décontaminés, ou encore l'accès à des équipements spéciaux et à du personnel qualifié, convenablement protégé, pour permettre le transfert des voyageurs suspects ou infectés.
Le RSI a également pour objectif d'éviter l'application de «restrictions aux voyages et aux échanges qui n’ont pas lieu d’être, ce qui permet d’éviter les perturbations», souligne l'OMS. Dans une déclaration publiée le 17 juillet dernier pour informer que le virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC) était désormais classé «urgence de santé publique de portée internationale», l'organisation avait ainsi indiqué : «Aucun pays ne doit fermer ses frontières ni imposer de restrictions aux voyages ou au commerce. Ces mesures sont généralement motivées par la peur et n’ont aucun fondement scientifique.» Ainsi, dans le cas du virus chinois, même si l'urgence est déclarée, il y a peu de chances de voir l'OMS conseiller aux pays de fermer leurs frontières et leurs aéroports.