La crainte grandit. Alors que le nombre de cas du mystérieux virus chinois continue d’augmenter, les pays voisins prennent des mesures, et la France se prépare.
Découvert il y a à peine deux semaines, ce virus a déjà provoqué la mort de six personnes en Chine, et l’infection de nombreuses autres. Et il se répand vite : le nombre de cas recensés dans le pays est ainsi passé de 45, la semaine dernière, à près de 300, tandis que 922 patients restent en observation dans les hôpitaux. Plus préoccupant encore, ce virus, dont les premiers symptômes sont semblables à ceux d’une pneumonie, touche déjà plusieurs pays voisins.
La crainte que l’épidémie ne se transforme en crise sanitaire mondiale est prise au sérieux, poussant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à convoquer une réunion ce mercredi 22 janvier à Genève, afin de décider s’il convient de déclarer une «urgence de santé publique de portée internationale». Une qualification rare, utilisée pour les cas les plus graves, comme la grippe H1N1, le virus Zika ou la fièvre Ebola.
BREAKING: WHO Director-General @DrTedros will convene an Emergency Committee on the novel #coronavirus (2019-nCoV) under the International Health Regulations.
The Committee will meet on Wednesday, 22 January 2020. pic.twitter.com/w3w7ZuoTeG— World Health Organization (WHO) (@WHO) January 20, 2020
La peur d’une propagation
De nombreuses zones d’ombre planent sur ce virus, de la famille des coronavirus, qui n’a pour l’instant pas d’appellation officielle, alors que son nom scientifique est «2019-nCoV». «C’est un virus qui n’avait jamais été détecté. On ne connaît donc pas sa contagiosité ou le délai entre la contamination et l’apparition des symptômes», explique Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Bichat à Paris. Seule certitude, le premier cas a été détecté mi-décembre, sur un marché aux poissons de Wuhan, dans le centre de la Chine. Un animal serait «la source primaire la plus vraisemblable» selon l’OMS.
De Wuhan, le virus s’est ensuite propagé à plusieurs grandes villes, puis à l’extérieur du pays. Des personnes ont été contaminées au Japon, en Thaïlande, en Corée du Sud et à Taïwan. Aux Etats-Unis, un cas a aussi été détecté ce mardi, dans l'Etat de Washington (nord de la côte Pacifique) annoncent CNN et le New York Times. L’Australie et les Philippines ont également fait état de suspicions, et pourraient aussi être touchées. «Compte tenu des habitudes de voyage à travers le monde, de nouveaux cas dans d'autres pays (que la Chine) sont probables», a averti l'OMS.
D’autant plus que des millions de Chinois ont prévu de se déplacer dans les prochains jours pour rendre visite à leur famille, à l’occasion des festivités du Nouvel an chinois, qui sera célébré ce samedi. L’an dernier, ils étaient près de 7 millions à partir à l’étranger durant cette période. Plusieurs pays ont donc pris les devants. En Thaïlande, à Hong Kong, à Singapour, en Australie, mais aussi aux Etats-Unis, les autorités procèdent à des contrôles systématiques dans les aéroports.
Paris reste vigilant
Même si «le risque de propagation du virus à la France est très faible» selon Yazdan Yazdanpanah, Paris préfère ne prendre aucun risque inutile. Ainsi, Santé publique France a annoncé ce mardi avoir «élaboré un dispositif de surveillance renforcée destiné à détecter d’éventuels cas importés».
Cela signifie que, depuis vendredi, tous les médecins de l'Hexagone prenant en charge une personne à risques doivent l’orienter vers le Samu ou un infectiologue «pour analyse clinique». Les voyageurs français revenant de Chine «reçoivent une info sur la conduite à tenir en cas de fièvre», a de son côté indiqué mardi la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur Europe 1. La prudence reste plus que jamais de mise.