La vigilance a été déclenchée par les autorités sanitaires françaises après la multiplication de cas de coronavirus, cousin du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), en Chine.
Selon les recommandations de Santé publique, les médecins français invités à orienter «pour analyse clinique », vers le Samu ou « un infectiologue référent», toute personne «présentant une infection respiratoire aiguë, quelle que soit sa gravité, ayant voyagé ou séjourné dans la ville de Wuhan en Chine dans les 14 jours précédents la date de début des signes cliniques ou ayant eu un contact étroit avec une personne tombée malade dans cette ville.»
La Chine, touchée par une mystérieuse pneumonie, a recensé mardi 77 nouveaux cas, au moment où de nombreux autres pays d'Asie renforcent leurs contrôles face à la propagation du virus qui a déjà fait 6 morts.
Un total de 291 cas ont été confirmés et 922 patients sont en observation, a annoncé dans un communiqué la Commission nationale de la Santé.
Le virus, de la famille du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), touche désormais plusieurs grandes villes du pays – dont Pékin et Shanghai – et trois autres pays d'Asie: Japon, Corée du Sud et Thaïlande.
Zhong Nanshan, un scientifique chinois renommé de la Commission nationale de la santé, a déclaré lundi soir à la télévision publique CCTV que la transmission par contagion entre personnes était "avérée". C'est la première fois qu'une telle affirmation est faite publiquement.
L'OMS estime pour sa part qu'un animal semble être "la source primaire la plus vraisemblable", avec "une transmission limitée d'humain à humain par contact étroit".
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l'homme (comme un rhume) mais aussi d'autres plus graves comme le Sras.
M. Zhong avait aidé à évaluer l'ampleur de l'épidémie de Sras en 2002-2003 qui avait très durement touchée la Chine.
"Enrayer la maladie"
Sur 8.096 cas, ce virus avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong, selon l'OMS. L'organisation internationale avait à l'époque vivement critiqué la Chine pour avoir tardé à donner l'alerte et tenté de dissimuler l'ampleur de l'épidémie.
En plein chassé-croisé dans les transports avant le Nouvel an chinois samedi, qui fait craindre une accélération des contaminations, le président Xi Jinping a donné lundi le signal d'une mobilisation du pays.
Il a appelé à enrayer l'épidémie, selon des propos rapportés par la télévision nationale. M. Xi a jugé "absolument crucial de faire un bon travail en matière de prévention et de contrôle épidémiologiques".
Les consignes n'ont pas tardé à être appliquées.
Pékin a annoncé mardi qu'il classait l'épidémie dans la même catégorie que le Sras. L'isolement devient ainsi obligatoire pour les personnes chez qui la maladie a été diagnostiquée, et des mesures de quarantaine peuvent être décrétées.
La ville de Wuhan a recensé mardi 15 contaminations parmi le personnel médical.
L'Organisation mondiale de la santé tiendra mercredi à Genève une réunion d'urgence consacrée au mystérieux virus.
Un comité ad hoc doit se réunir au siège de l'organisation pour déterminer s'il convient de déclarer une "urgence de santé publique de portée internationale", a annoncé lundi l'organisation.
L'OMS n'a jusqu'ici utilisé ce terme que pour de rares cas d'épidémies nécessitant une réaction internationale vigoureuse, dont la fièvre Ebola, qui a touché une partie de l'Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.
L'inquiétude est désormais perceptible à l'étranger, où les mesures de prévention se multiplient aux aéroports accueillant des vols en provenance de Wuhan, notamment aux Etats-Unis, en Thaïlande, à Singapour, et en Australie.