Une évasion comme on en voit habituellement seulement dans les films. Près de 80 prisonniers, pour la plupart membres de la plus importante bande de trafiquants d'armes et de drogue du Brésil, se sont évadés ce dimanche 19 janvier vers 4h du matin d'une prison au Paraguay en empruntant un tunnel qu'ils avaient construit eux-mêmes.
«Il s'agit d'une fuite sans précédent», a déclaré dimanche la ministre de la Justice paraguayenne, Cecilia Pérez, citée par le New York Times. Selon la commissaire Elena Andrada, porte-parole de la police, cette opération est digne d'un film d'action à suspense. «Ils ont aménagé un tunnel comme on peut en voir dans les films, avec un éclairage intérieur, à partir de sanitaires de la prison», a-t-elle expliqué. Des dizaines de sacs contenant de la terre ont été découverts dans une cellule de l'établissement pénitentiaire, situé à la frontière avec le Brésil, a indiqué le New York Times.
Paraguay's problem with the #PCC continues. In Pedro Juan Caballero 91 members escaped from prison this morning after digging a tunnel for weeks and hiding earth in a cell.
Photos: @ivanciclon pic.twitter.com/IeiaEtEjjR— Ralph Hannah (@paraguayralph) January 19, 2020
«C'est un travail de plusieurs semaines. Il est évident que le personnel savait et n'a rien fait», a estimé Cecilia Pérez, ajoutant qu'il n'y avait «que 25 mètres entre le tunnel et la guérite (du gardien) la plus proche». Les autorités ont annoncé le limogeage du directeur de la prison ainsi que l'arrestation de dizaines de gardiens. «Il y a une forte suspicion que les fonctionnaires (travaillant à la prison) ont été impliqués dans un système de corruption», a poursuivi la ministre de la Justice.
Des fugitifs «extrêmement dangereux»
Il y a un mois, cette dernière avait révélé que le cartel brésilien auquel appartenaient les fugitifs - l'organisation Primer Comando de la Capital (PCC) - préparait un plan consistant à payer les gardiens de la prison 80.000 dollars (72.000 euros) pour faciliter l'évasion de l'un des leaders de la bande. Selon Cecilia Pérez, les évadés - dont 76 ont été comptabilisés jusqu'à présent -, sont «extrêmement dangereux». Plusieurs d'entre eux ont notamment participé à un massacre entre bandes rivales à la prison de San Pedro le 16 juin 2019, au cours duquel dix prisonniers furent décapités, a précisé la porte-parole de la police.
Cinq camionnettes à bord desquelles ont fui une partie des fugitifs ont été retrouvées incendiées à Ponta Pora, du côté brésilien de la zone frontalière, a-t-elle ajouté. «Ils sont probablement déjà passés de l'autre côté de la frontière», a déclaré Cecila Pérez. En conséquence, le Brésil a renforcé sa sécurité dans la zone frontalière, pour tenter de capturer des évadés, a indiqué le secrétaire d'Etat à la Justice du Mato Grosso do Sul, Antonio Carlos Videira. Le ministre de l'Intérieur du Paraguay Euclides Acevedo a de son côté indiqué que des forces spéciales de la police ratissaient le secteur, épaulées par des hélicoptères.