Les candidats invités au sixième débat de la primaire démocrate américaine ont affiché jeudi un front commun contre Donald Trump mais se sont vivement affrontés sur la question de l'argent dans la politique, lors d'échanges qui ont permis à certains frondeurs de briller.
«Nous devons restaurer l'intégrité de la présidence» après le mandat de Donald Trump, a assuré l'ancien vice-président Joe Biden, qui mène la course à l'investiture.
«Mon travail est d'expliquer pourquoi il ne mérite pas d'être président des Etats-Unis quatre ans de plus», a-t-il dit, entouré de ses six rivaux sélectionnés pour ce débat, parmi lesquels deux femmes.
Le milliardaire républicain a été mis en accusation mercredi par la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, pour avoir fait pression sur l'Ukraine afin que Kiev annonce des enquêtes anti-corruption contre Joe Biden et son fils Hunter, qui avait siégé au conseil d'administration d'une entreprise gazière locale.
Ainsi, il aurait demandé à un pays étranger d'interférer à son profit dans la campagne électorale américaine.
M. Trump est «un menteur pathologique» qui dirige «le gouvernement le plus corrompu de l'histoire moderne» américaine, a attaqué Bernie Sanders.
Buttigieg dans le viseur
Le président américain cultive ses loyautés à coups de «réductions d'impôts et de postes d'ambassadeurs», a asséné Elizabeth Warren.
«On vaincra la corruption en gagnant cette élection», a renchéri Amy Klobuchar.
Ces trois candidats siègent au Sénat, qui devrait juger en janvier Donald Trump pour abus de pouvoir et entrave au Congrès. Mais, soutenu par la majorité républicaine à la chambre haute, le milliardaire devrait être acquitté.
«Qu'importe ce qu'il se passe au Sénat, c'est à nous» d'agir pour battre le milliardaire le 3 novembre 2020, a affirmé Pete Buttigieg, jeune maire de l'Indiana.
Seule voix nettement discordante, l'homme d'affaires d'origine asiatique Andrew Yang a estimé : «On doit cesser d'être obsédés par l'impeachment».
Dans un communiqué, Donald Trump a moqué «un débat morne et pessimiste» ayant montré qu'«aucun de ses personnages n'a une chance» de le battre.
La soirée a aussi été marquée par de vifs échanges, principalement dirigés contre Pete Buttigieg. Quatrième de la course, il reste une menace pour ses adversaire car il est en tête dans les sondages de l'Iowa. Cet Etat clé ouvrira le 3 février la saison de la primaire et donnera le ton pour la suite.
«Des milliardaires dans des caves à vin ne devraient pas choisir le prochain président», a fustigé Mme Warren en référence à une récente collecte de fonds de M. Buttigieg dans une cave viticole.
«Voilà bien le problème de décerner des tests de pureté qu'on serait bien soi-même incapable d'obtenir» en ayant eu par le passé recours à de riches donateurs, a-t-il rétorqué, en référence à la fortune de Mme Warren.
Bernie Sanders a pour sa part manié l'humour en notant que M. Buttigieg avait «seulement 39 milliardaires» parmi ses donateurs, contre 44 pour Joe Biden.
Biden rassure
M. Sanders et Mme Warren chassent sur les mêmes terres progressistes avec un programme très à gauche qui est très populaire parmi les jeunes et les femmes, mais effraie les électeurs plus conservateurs.
Amy Klobuchar a ironisé sur le manque d'expérience au niveau national de Pete Buttigieg, le jeune (37 ans) maire de South Bend, premier candidat homosexuel ayant de réelles chances dans la course à la Maison Blanche.
La centriste reste loin derrière les quatre principaux candidats mais a tiré son épingle du jeu, comme le milliardaire Tom Steyer ou Andrew Yang.
«Il nous faut prendre chaque occasion de présenter une vision nouvelle, positive pour le pays, une nouvelle voie pour aider à le (Donald Trump) battre en 2020 parce que, ne vous y trompez pas, il sera sur les bulletins de vote», a mis en garde ce dernier, jeune entrepreneur.
A 77 ans, Joe Biden a tenté de rassurer ses partisans sur son état de forme.
Mais il a refusé de s'engager à exercer un second mandat - il aurait alors 82 ans - s'il était élu en 2020. «Je n'ai même pas encore été élu pour un premier mandat, attendons de voir comment ça se passe», a-t-il expliqué.
Le débat s'est aussi déroulé dans l'ombre du milliardaire centriste Michael Bloomberg (5,1%). L'ancien maire de New York a choisi de passer les deux premières primaires et se concentre sur la quinzaine d'Etats qui voteront début mars, dont le Tennessee où il fait campagne jeudi.