Le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune est officiellement entré en fonctions jeudi en prêtant serment, lors d'une cérémonie officielle à Alger, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Elu au 1er tour le 12 décembre, M. Tebboune succède à Abdelaziz Bouteflika, dont il fut le Premier ministre, et qui a été contraint à la démission en avril par un mouvement populaire inédit de contestation du régime qui agite l'Algérie depuis dix mois.
Les premières heures de ses prises de fonctions s'annoncent musclées, tant la contestation reste vigoureuse.
S'il a remporté le scrutin présidentiel au premier tour avec plus de 58% des voix, il ne faut pas oublier que seuls 39,9% des inscrits se sont rendus aux urnes, un record dans un contexte de forte mobilisation pour un changement réel de système politique. Huit mois après le départ d'Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation nommé Hirak continue de protester chaque vendredi face à l'immobilisme des dirigeants. En effet, mis à part le président, les cadres du système politique ne se sont guère renouvelés.
Malgré la volonté affichée de dialogue d'Abdelmadjid Tebboune, et sa promesse d'amender la Constitution, des rassemblements ont eu lieu le 17 décembre pour questionner sa légitimité. Loin de se calmer, les traditionnelles manifestations du vendredi, qui rythment les semaines algériennes depuis bientôt un an, pourraient donc encore s'amplifier dans les jours qui viennent.
Abdelmadjid Tebboune n’a pas encore prêté serment que les manifestants promettent déjà de le faire sortir d’El Mouradia. #Alger #Algerie pic.twitter.com/iDj5EbHMn8
— Zahra Rahmouni (@ZahraaRhm) December 17, 2019
La colère pourrait d'ailleurs gronder plus sévèrement qu'à l'accoutumée en raison de potentielles violences policières. Certaines associations ont dénoncé des usages abusifs de balles en caoutchouc lors de l'élection, assurant qu'au moins une dizaine de personnes présentent des blessures aux yeux.
Alors pour tenter de calmer les tensions, une série de décisions pourrait être entamée dès les heures qui suivent l'entrée en fonction du nouveau président. La question de la libération de manifestants emprisonnés se pose, ainsi que d'autres mesures d'ouvertures dont les contenus restent encore flous. Cependant, il faudra faire fort pour réussir à véritablement mettre fin au Hirak, tant son ampleur a repris de l'importance à l'approche des élections. Pour Abdelmadjid Tebboune, plus que pour tout autre président, le plus dur est donc clairement à venir.