La «der» de 2019. Les dirigeants des pays de l'UE se retrouvent jeudi 12 et vendredi 13 à Bruxelles pour le dernier sommet européen de l'année, qui sera aussi le premier des nouveaux présidents du Conseil Charles Michel et de la Commission Ursula von der Leyen. Entre le climat, le Brexit et le budget de l'Union, les sujets ardus ne manquent pas.
Climat : vers la neutralité carbone dans l'UE d'ici à 2050 ?
Au lendemain de la présentation par Ursula von der Leyen de son «Pacte vert» pour le climat, promesse-phare la nouvelle cheffe de l'exécutif européen, et à la veille de la fin de la COP25 à Madrid, ce Conseil européen sera placé sous le signe de l'environnement. Les chefs d'Etat et de gouvernement européens (sans Boris Johnson, occupé par les élections anticipées dans son pays) tenteront en effet jeudi de trouver un accord pour adopter l'objectif visant à parvenir à la neutralité carbone dans l'UE d'ici à 2050. Une ambition qui ferait alors de l'Europe le premier continent du monde neutre en émissions de CO2.
Mais les discussions promettent d'être difficiles, avec trois pays en particulier - la Pologne, la Hongrie et la République tchèque -, qui avaient en juin mis leur veto à cette proposition et empêché l'adoption de cet objectif, les décisions de ce type se prenant dans l'UE à l'unanimité. Ces trois Etats sont encore très dépendants des énergies fossiles, en particulier le charbon, et craignent donc l'impact économique que pourrait avoir une telle mesure pour eux.
Pour les rassurer, la Commission promet de mettre en place un «mécanisme de transition juste», destiné à aider financièrement les pays européens les plus en retard sur le plan climatique.
BUDGET DE L'UE : quelles marges de MANŒUVRE, notamment sur le volet climatique ?
L'ambition environnementale d'Ursula von der Leyen, partisane d'un «Pacte vert» européen, est très affirmée. Seulement, comme toute politique, l'écologie est dépendante de l'argent que l'UE est prête à y consacrer. Et c'est là que le bât blesse. En effet, selon la Commission européenne, le projet de budget de l'UE pour la période 2021-2027, proposé par la présidence finlandaise de l'Union, n'est pas à la hauteur. Son plan prévoit que le budget, abondé par des contributions nationales, s'élève à 1.087 milliards d'euros, soit 1,07 % du revenu national brut européen, alors que la Commission propose de son côté 1,114 %.
«Je suis inquiète des coupes drastiques qui sont dans la proposition» finlandaise, a récemment déclaré Ursula von der Leyen lors d'une conférence de presse. Parmi les secteurs pouvant être affectés selon elle figurent Frontex, qui l'agence européenne de garde-frontières, la défense, le numérique et les «efforts pour verdir l'économie». Les discussions sur le budget de l'UE - qui ne font que commencer - lors du Conseil européen de cette semaine s'annoncent donc âpres. L'équation apparaît en effet difficile à résoudre. Il s'agit de faire face à la perte de la contribution financière britannique, Brexit oblige, tout en sauvegardant les politiques historiques de l'UE (agriculture, cohésion) et en investissant davantage dans les nouvelles priorités de l'Union (climat, défense, sécurité, numérique, etc.).
Brexit : quelles relations avec le royaume-Uni après le divorce ?
Vendredi, les débats entre les dirigeants de l'UE se concentreront sur le Brexit, prévu fin janvier, et plus particulièrement sur les futures relations entre l'Union et le Royaume-Uni, une fois le divorce acté. Et ce, même si aucun accord de retrait n'a encore été trouvé. Les Européens anticipent la prochaine phase de négociations, qui s'ouvrira après le Brexit en cas de divorce avec accord. Durant celle-ci, qui sera en fait une période de transition, Londres et Bruxelles se remettront autour d'une table, pour tenter de trouver un cadre à leurs futures relations.
Ce vendredi, les 27 discuteront pour déterminer les priorités à mettre en avant lors de cette phase, notamment sur le plan commercial, un accord de libre-échange entre l'UE et le Royaume-Uni étant attendu. Selon un projet de conclusions vu par l'AFP, les dirigeants européens devraient inviter la Commission à entamer les discussions avec Londres «immédiatement» après le départ du Royaume-Uni.
Par ailleurs, alors que les Britanniques votent jeudi dans le cadre d'élections législatives anticipées, dont les premiers résultats sont attendus vendredi, ce scrutin, décisif pour l'avenir du Brexit, sera forcément évoqué par les 27 réunis à Bruxelles. La performance du Premier ministre Boris Johnson, qui promet de mettre en œuvre le divorce fin janvier, sera observée de près. Mardi, Emmanuel Macron a appelé à «avancer rapidement après» cette élection dans le dossier du Brexit.