Une histoire d'amour qui défie la mort. David Wisnia et Helen Spitzer se sont retrouvés 72 ans après le début de leur romance née dans le camp d'extermination d'Auschwitz.
Leurs retrouvailles, rapportées par le New York Times le 8 décembre, ont eu lieu en août 2016. Les deux tourtereaux n'avaient pas réussi à se revoir depuis le début de leur aventure, alors qu'ils étaient des prisonniers privilégiés dans le camp de la mort. David Wisnia a notamment survécu grâce à ses talents de chanteur. En raison de leurs droits spéciaux, ils ont réussi à se rencontrer et alimenter une relation qui durera pendant plusieurs mois, alors qu'il était âgé de 17 ans et elle de 25.
Ils avaient même pris le temps de planifier leur futur en dehors du camp, une fois la guerre finie. Leur but était de se retrouver à Varsovie. Mais la vie en a décidé autrement. Alors que les Américains et les Soviétiques progressaient en Allemagne pour libérer les camps, Helen Spitzer s'est retrouvée dans un camp pour femmes. Son amant, lui, a réussi à s'échapper lors de son transfert vers Dachau, et est tombé nez à nez avec des soldats américains. Ces derniers ont alors décidé de l'adopter, de lui donner un uniforme, un fusil et lui ont proposé de les aider à combattre l'Allemagne nazie, ce qu'il avait accepté. Lui qui rêvait de faire carrière à Broadway avait ainsi laissé de côté sa promesse, espèrant pouvoir vivre aux Etats-Unis.
Around them, death was everywhere. Still, the lovers planned a life together, a future outside of Auschwitz. It took them 72 years to reunite. https://t.co/1YVDOVQLQk
— The New York Times (@nytimes) December 9, 2019
Chacun de leur côté, ils se marièrent et eurent des enfants. Engagée dans l'humanitaire, Helen Spitzer n'a jamais raconté son histoire d'amour, quand son ancien être aimé l'a détaillée dans un livre qu'il a écrit sur son passé de prisonnier des camps. Grâce à des connaissances en commun, il a réussi à conserver des nouvelles de son amour de jeunesse. Et est même parvenu à organiser un rendez-vous, mais la rencontre prévue, à Central Park, n'a jamais eu lieu, Helen Spitzer pensant que ce n'était pas prudent au vu de son mariage.
Il faudra donc attendre 2016, alors qu'elle était dans un lit d'hôpital, pour réussir à réunir les amoureux. Lorsqu'il la voit pour la première fois depuis 72 ans, David Wisnia l'interroge sur une question qu'il s'est posée toute sa vie : est-elle la raison de sa survie à Auschwitz ? Selon le quotidien américain, Helen Spitzer lève alors la main, montre cinq doigts et répond l'avoir sauvé «cinq fois d'un mauvais transfert». Avant de la quitter, David lui chante alors un air hongrois qu'elle lui avait appris à Auschwitz. Les deux amants ne se sont plus jamais revus, et Helen Spitzer est décédée en 2018, à l'âge de 100 ans.