Le sommet de l'OTAN ne se présente pas sous les meilleurs auspices. A quelques heures du début de la réunion à Londres marquant le 70e anniversaire de l'Alliance atlantique, Donald Trump s'en est pris ce mardi 3 décembre à Emmanuel Macron, qui avait déclaré début novembre que l'organisation était en état de «mort cérébrale».
«Je pense que c'est très insultant», a déclaré le président américain lors d'une conférence de presse en présence du secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. C'est un jugement «très, très méchant à l'adresse de 28 pays», a-t-il ajouté, en référence aux autres Etats membres de l'organisation politico-militaire, composée de 29 pays (dont 22 de l'UE).
Donald Trump s'est également dit «très surpris» par la déclaration du président français et l'a qualifiée de «très dangereuse» pour la France. «Personne n'a besoin de l'OTAN plus que la France», a-t-il jugé. Emmanuel Macron avait tenu ces propos controversés dans une interview à The Economist publiée le 8 novembre, en réaction à l'offensive militaire lancée début octobre par la Turquie - membre de l'OTAN - en Syrie contre une milice kurde, par ailleurs alliée des Occidentaux dans la lutte contre Daesh, et ce sans aucune concertation avec les autres membres de l'organisation.
Mais le locataire de la Maison Blanche, en course pour sa réélection en 2020, ne s'est pas arrêté là, et a également lié les propos d'Emmanuel Macron à la situation intérieure de la France. «C'est une déclaration très dure lorsque vous avez de telles difficultés en France, lorsque vous regardez ce qui se passe avec les gilets jaunes», a-t-il déclaré, enfonçant le clou. Et Donald Trump de s'attaquer au bilan économique du président français. «Je pense qu'ils ont un taux de chômage très élevé en France [8,6 % de la population active selon l'Insee, contre 3,6 % aux Etats-Unis, NDLR]. La France ne va pas bien du tout économiquement.»
Un tête-à-tête Trump-Macron prévu mardi après-midi
Donald Trump va pouvoir faire part de ses commentaires à Emmanuel Macron en face-à-face ce mardi dans l'après-midi, puisqu'est prévue une rencontre entre les deux dirigeants, qui s'annonce houleuse. L'avenir de l'OTAN sera bien évidemment au menu des discussions, tout comme la lutte contre le terrorisme au Sahel, pour laquelle Emmanuel Macron souhaiterait «une plus grande implication» de l'OTAN.
Les deux hommes se retrouveront ensuite mardi dans la soirée, avec tous les autres dirigeants des pays de l'alliance, pour une réception à Buckingham Palace, à l'invitation de la reine Elizabeth II. Puis tout ce petit monde aura de nouveau rendez-vous mercredi dans un hôtel de luxe sur un parcours de golf en périphérie de Londres, pour la partie formelle du sommet. Une session de travail de trois heures est prévue.