Le monde face à l’urgence écologique. C’est ce lundi 2 décembre que démarre la 25e conférence de l’ONU sur les changements climatiques, communément appelée COP25, qui doit durer jusqu’au 13 décembre. Les Etats vont à nouveau y être exhortés à s’engager contre le réchauffement.
Après le désistement du Chili, cette réunion internationale se déroule finalement à Madrid, en Espagne. Environ 25.000 participants sont attendus : délégations étatiques, ministres, membres de la société civile (ONG, syndicats, entreprises...), ainsi qu’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Mais pas Emmanuel Macron, absent. La France sera donc représentée par Edouard Philippe et la secrétaire d’Etat à la transition écologique Brune Poirson. Un sommet intermédiaire, car il doit permettre de préparer la COP26 en 2020 à Glasgow, mais essentiel au vu du contexte, de plus en plus alarmant.
Des ambitions à rehausser
«Time For Action («Le moment d’agir»). Le slogan de cette COP25 parle de lui-même. Son objectif est sans surprise de pousser les 197 Etats signataires de l’accord de Paris (dont font encore partie les Etats-Unis) à faire davantage pour la planète. Et plus concrètement à les inciter à relever leurs ambitions climatiques. En effet, leurs engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre, pris lors de la COP21, sont largement insuffisants pour respecter l’accord conclu en 2015. En les suivant, la planète se réchaufferait de 3,2 °C d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, alors qu’une hausse de seulement 1,5 °C, voire 2 °C, est visée.
Et même si les Etats ont jusqu’à fin 2020 pour présenter leurs plans revus à la hausse, cette COP à Madrid doit permettre de leur mettre la pression. Seuls 68 pays – qui ne représentent que 8 % des émissions mondiales de CO2 – ont jusque-là promis de relever leurs engagements d’ici à la fin de l’année prochaine. Du côté des plus gros émetteurs, on rechigne à agir. Les Etats-Unis ont officialisé début novembre leur intention de se retirer de l’accord de Paris, le Brésil et l’Australie ont boudé le sommet spécial de l’ONU sur le climat en septembre, sans parler de la Chine qui reste l’un des plus mauvais élèves. Seule l’UE semble prête à faire des efforts, avec son projet de «green deal».
We stand at a critical juncture in our collective efforts to address the climate emergency.
Our war against nature must stop.
I have just arrived in Madrid to urge leaders at #COP25 to work together to boost #ClimateAction, and help drive the deep transition we urgently need. pic.twitter.com/FGp3Xkkrch— António Guterres (@antonioguterres) November 30, 2019
Un constat inquiétant, alors que le temps presse. Records de chaleur, accélération de la fonte des glaces, nombreuses espèces menacées… Les rapports alarmistes sur le climat se multiplient. L’ONU a notamment publié une étude mardi, en forme d’ultime avertissement, expliquant que les émissions devront être réduites de 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.
La société mobilisée
A l’inverse des gouvernements, les citoyens, surtout les jeunes, semblent de plus en plus nombreux à prendre conscience de la gravité de la situation. «Les adultes, notamment ceux aux postes de grande responsabilité, sont challengés par leurs propres enfants. C’est nouveau et dérangeant pour eux», estime Isabelle Autissier, présidente du WWF France.
La nouvelle génération n’hésite plus à interpeller les dirigeants par le biais de «grèves scolaires» – la dernière en date était vendredi – inspirée par Greta Thunberg. Mais aussi via des actions de désobéissance civile, comme celles que l’on a pu observer vendredi en France et ailleurs dans le monde, pour protester contre la surconsommation du «Black Friday». Une pression de plus placée sur les épaules des dirigeants réunis lors de la COP25.