Un président qui témoigne devant le Congrès sur sa propre destitution ? Cette image surprenante est de plus en plus imaginée outre-Atlantique, alors que chaque révélation met un peu plus Donald Trump dans une situation compliquée.
Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des répresentants, l'avait déjà invité mi-novembre à se présenter au Congrès pour témoigner et donner «toute la vérité qu'il souhaite». Une invitation qui a été reconduite le 27 novembre par Jerry Nadler, président de la commission judiciaire de la Chambre.
À travers un courrier, ce dernier a demandé au président américain si lui ou ses avocats comptaient «assister à l'audition», ou «interroger les témoins» lors d'une audience le 4 décembre prochain. Cela étant dit, aucune obligation ne pèse sur le chef d'Etat.
L'éventualité de le voir accepter n'est pas totalement nulle pour autant. Alors qu'il parle de «blague» ou de «chasse aux sorcières» pour qualifier l'enquête contre lui, il a assuré sur Twitter le 18 novembre que «même si je n'ai rien fait de mal, et ne veut pas donner de la crédibilité à cette parodie de justice, j'aime l'idée, et je vais, afin de reconcentrer le Congrès (sur son rôle législatif premier, ndlr), fortement la considérer».
....that I testify about the phony Impeachment Witch Hunt. She also said I could do it in writing. Even though I did nothing wrong, and don’t like giving credibility to this No Due Process Hoax, I like the idea & will, in order to get Congress focused again, strongly consider it!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 18, 2019
Vers un procès au Sénat
Depuis, plusieurs témoins sont passés devant les représentants, dont certains de ses anciens proches comme l'ambassadeur américain à l'Union Européenne Gordon Sondland.
En réalité, il est assez peu probable de le voir accepter les invitations. L'ancien homme d'affaires aime à laisser entendre qu'il pourrait prendre ce genre de décision, comme celle de révéler sa fiche d'imposition, mais sans jamais aller au bout. Cela lui donne un levier de négociation avec ses adversaires.
Le Congrès, à majorité démocrate, devrait selon toute vraisemblance voter en faveur de la destitution dans les prochaines semaines, ce qui laisserait la place à un procès au Sénat. Une issue espérée par Donald Trump. «Le président veut un procès au Sénat car il s'agit clairement de la seule institution où il peut espérer une justice et recevoir un traitement légal protégé par la Constitution», a d'ailleurs déclaré le porte-parole Hogan Gidley le 22 novembre dernier.
Il y risque en effet peu de chose, puisqu'il ne pourra être condamné que si les deux tiers des membres votent dans ce sens. Or, l'institution est contrôlée par les républicains, qui ne semblent pas décidés à se retourner contre leur leader. L'enjeu sera donc avant tout de savoir à quel point l'image du président sera entachée, à moins d'un an de l'élection présidentielle.