Des chars dans les rues de Hong Kong ? Face aux scènes de guérilla urbaine qui ont lieu chaque week-end dans le territoire, l'éventualité d'une intervention militaire est de plus en plus imaginée. Cependant, rien pour le moment ne permet d'affirmer qu'elle pourrait avoir lieu dans les jours ou semaines qui viennent.
«Tout le monde se pose la question de l'intervention», assure Valérie Niquet, directrice du Centre Asie à l'Ifri. Et ce n'est d'ailleurs pas une nouveauté. En août 2019, Jean-Vincent Brisset, également directeur de recherche à l'Ifri, expliquait déjà dans nos colonnes que le gouvernement central chinois «cherche à légitimer l'usage de la violence militaire» en laissant pourrir la situation.
Près de cinq mois après le début du mouvement, alors que les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre n'ont jamais été aussi violents, le régime chinois pourrait donc tenter de justifier une intervention. Si rien n'a eu lieu, c'est que le moment n'est pas encore suffisamment propice, selon Valérie Niquet : «il est possible que le gouvernement attende qu'une grande partie de la population hongkongaise se détourne du mouvement en raison des violences, ce qui n'est pas encore le cas».
Un dilemme insoluble
De plus, impliquer l'armée dans les affaires politiques d'Hong Kong est une décision lourde de sens, qui pourrait avoir des répercussions à l'étranger et des réactions plus vigoureuses de la part de la communauté internationale. La décision n'est donc pas à prendre à la légère, quitte à paraître faible face aux manifestants. «La Chine veut à tout prix éviter un nouveau Tiananmen», expliquait d'ailleurs en août dernier Jean-Vincent Brasset.
Le dilemme qui touche les dirigeants chinois, et Xi Jinping en premier lieu, n'est donc toujours pas résolu pour ramener de l'ordre à Hong Kong. Reste à savoir combien de temps la situation peut rester bloquée, surtout si le nombre de victimes continue de grimper.