Liliana Segre, survivante italienne de la Shoah et sénatrice âgée de 89 ans, a été placée ce jeudi 7 novembre sous protection policière en raison de menaces particulièrement virulentes à son encontre. Une disposition effective jusqu'à la fin de ses jours.
Elle reçoit plus de 200 messages antisémites par jour, avait rapporté, le mois dernier, le quotidien italien La Repubblica. Et c'est pourquoi dès ce jeudi et jusqu'à sa mort, Liliana Segre, déportée à Auschwitz en janvier 1944 à l'âge de 13 ans, sera escortée dans tous ses déplacements par des policiers du commandement de la province de Milan.
Une mesure de sécurité drastique pour cette parlementaire nommée début 2018 sénatrice à vie par le président Sergio Mattarella, pour avoir «honoré l'Italie par des mérites éminents dans le domaine social, scientifique, artistique et littéraire».
Des messages insensés, menacants et incontrôlables
Une reconnaissance officielle de la patrie qui pourtant, et contre toute attente, allait se conjuguer à une campagne de haine sans précédent, propagée sur les réseaux sociaux par des internautes malfaisants.
Dès lors, les messages n'ont cessé de se multiplier, jusqu'à atteindre, la semaine dernière, un point de non retour après que Liliana Segre a appelé le Parlement à créer une commission spéciale de lutte contre toutes les formes de racisme, l'antisémitisme, ou d'incitation à la haine et à la violence pour des motifs ethniques et religieux.
Italy Holocaust survivor Liliana Segre under guard amid death threats https://t.co/pRI3Cnq6IQ
— BBC News (World) (@BBCWorld) November 7, 2019
A partir de là, les messages sont en effet devenus incontrôlables et abjects. Sur l'un d'eux, relayé par la presse italienne, on pouvait notamment lire : «Cette sale juive s’appelle Liliana Segre. Demandez-vous ce qu’elle a fait pour être payée par nos concitoyens alors qu’elle est pour la venue des migrants ? Hitler, tu n’as pas bien fait ton travail.»
Ce nombre élevé de menaces insensées, conjugué aux participations fréquentes de la sénatrice à des conférences ou débats, a acté la décision de la mettre sous protection policière.
Du haut de ses 89 ans, Liliana Segre ne refuse jamais une invitation à un événement public. «Chaque minute doit être vécue. Nous devons voir les bonnes choses qui nous entourent et ne pas perdre de temps à écrire à une femme de 90 ans pour lui souhaiter la mort.», a-t-elle réagi.