Combatif, Donald Trump affirmait vendredi que les démocrates seraient les premiers à payer le prix, dans les urnes, de l'explosive procédure de destitution lancée contre lui, un «affront» qui galvanise sa base «comme jamais».
C'est renforcé par l'image d'un front républicain uni donnée la veille au Congrès que le président républicain retrouvera vendredi soir les grandes arènes de campagne qu'il affectionne, avec un meeting à Tupelo, dans l'Etat conservateur du Mississippi.
Les Américains «observent et voient d'eux-mêmes à quel point cette procédure est injuste», a tweeté le milliardaire, qui affirme avoir eu une conduite «irréprochable» dans l'affaire ukrainienne à l'origine du scandale.
Les chefs démocrates au Congrès «tentent d'achever le parti républicain», a-t-il poursuivi. «Cela n'arrivera jamais, nous reprendrons la Chambre» des représentants, aujourd'hui seule branche du pouvoir à majorité démocrate face à la Maison Blanche et au Sénat républicains.
Après un vote crucial de la Chambre jeudi, qui a clairement rapproché la menace de sa mise en accusation -«impeachment» en anglais- mais a montré des républicains faisant bloc autour de lui, l'ancien homme d'affaires se montre offensif.
«Cela a galvanisé ma base comme je n'avais jamais vu», a-t-il déclaré quelques heures après le vote, dans un entretien accordé à la publication conservatrice Washington Examiner.
«Impeachment» : «C'est un mot très sale, je n'arrive pas à croire que les démocrates qui ne font rien essayent de me le coller, c'est un affront. Et je pense que ça va se retourner contre eux», a-t-il ajouté.
L'approbation jeudi, grâce aux voix des démocrates --avec seulement deux défections-- et d'un ex-républicain, d'une résolution formalisant l'enquête en vue d'une destitution a rendu plus concrète la possibilité de cet «impeachement» à la Chambre.
Electeurs profondément divisés
Si la chambre basse votait sa mise en accusation, Donald Trump serait alors soumis à un procès politique au Sénat, où la majorité républicaine qui lui reste encore largement fidèle rend cependant improbable sa destitution.
Dénonçant un «abus de pouvoir» du milliardaire, la présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi s'attèle depuis des semaines à placer cette procédure sous le sceau de la solennité, bien consciente qu'une apparence trop politique diviserait encore plus profondément le pays à l'orée des élections présidentielle et législatives de 2020.
«Il ne s'agit pas de sa personnalité ou de sa politique. Il s'agit de notre devoir de défendre la démocratie», a-t-elle tweeté vendredi.
Après des mois de réticences, elle avait décidé le 24 septembre d'engager son parti sur cette voie périlleuse à la suite des révélations sur un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au coeur de l'été.
Lors de cet échange, le président américain avait demandé à son interlocuteur de «se pencher» sur son rival démocrate Joe Biden et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.
Les démocrates accusent M. Trump d'avoir abusé de son pouvoir à des fins personnelles, Joe Biden étant bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle l'an prochain.
Le républicain affirme que son appel était «irréprochable» et accuse les démocrates de monter un «coup d'Etat».
Il envisage même de lire aux Américains le fameux échange avec M. Zelensky, a-t-il déclaré au Washington Examiner : «Je vais m'asseoir, peut-être au coin du feu en direct à la télévision, et je lirai la transcription de l'appel, parce que les gens doivent l'écouter. Quand vous l'écoutez, c'est un appel réglo».
La Maison Blanche a publié un compte-rendu de cet appel qui n'a pas apaisé les soupçons des démocrates, au contraire. Donald Trump y mentionne directement les Biden.
Le président américain reste très populaire auprès de sa base, mais l'affaire semble l'avoir affecté dans un sondage publié vendredi, qui montre 74% de soutien chez les républicains, «un plus bas», selon le Washington Post et ABC.
Au total, «moins de quatre Américains sur dix» (38%) approuvent son travail.
Comme au Congrès, le soutien pour sa destitution suit des lignes profondément partisanes : 49% des Américains y sont favorables et 47% contre.
Et les sympathisants des deux partis y apparaissent symétriquement opposés: chez les démocrates, le soutien explose à 82%, tandis que 82% des républicains sont contre.