Le président libanais Michel Aoun a appelé jeudi à la formation d'un gouvernement «productif» composé de ministres choisis pour leurs «compétences», au 15e jour d'un mouvement de contestation inédit contre le pouvoir, accusé de corruption et d'incompétence.
«Les ministres devront être choisi(e)s en fonction de leurs compétences, non de leurs allégeances politiques (...) d'autant que le Liban se trouve à un tournant critique, notamment sur le plan économique, et a désespérément besoin d'un gouvernement harmonieux capable d'être productif», a déclaré M. Aoun dans un discours télévisé.
Le chef de l'Etat s'est engagé à «poursuivre la lutte contre la corruption» et à oeuvrer en faveur de la formation d'un nouveau cabinet capable de répondre aux «aspirations des Libanais (...) et de réaliser ce que le gouvernement précédent a failli» à faire, a-t-il dit, deux jours après la démission du Premier ministre Saad Hariri sous la pression de la rue.
A peine le discours terminé, les manifestants massés au centre de la capitale ont scandé «Tous veut dire tous», un slogan phare de la contestation affirmant leur souhait de voir partir tous les dirigeants au pouvoir, sans exception. «Dégage, dégage, tu as affamé tout le monde» et «Le peuple veut la chute du régime» ont encore crié les manifestants qui suivaient le discours en direct, retransmis sur un écran géant. Conspué au même titre que les autres dirigeants, M. Aoun s'est adressé au pays à l'occasion du 3e anniversaire de son accession à la présidence.
Déclenché le 17 octobre, le mouvement de contestation, qui a pris de court les partis au pouvoir, a mobilisé des dizaines de milliers de Libanais à travers plusieurs régions du pays au cours des deux dernières semaines. Les manifestants réclament un renouvellement complet de la classe politique restée inchangée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).