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Bolivie : Evo Morales réélu, la communauté internationale hausse le ton

L'Union européenne, les Etats-Unis et des pays latino-américains ont haussé le ton contre le président bolivien Evo Morales, réélu au premier tour au terme d'un dépouillement contesté, en réclamant un second tour ou en le menaçant de ne pas le reconnaître.

Jeudi soir, au terme d'un long et polémique décompte, avec 99,99% des bulletins dépouillés, le Tribunal supérieur électoral (TSE) indiquait sur son site internet que le chef de l'Etat socialiste avait remporté 47,07% des voix, contre 36,51% pour son principal adversaire, le centriste Carlos Mesa. L'écart est donc supérieur à 10 points de pourcentage nécessaires pour s'imposer dès le premier tour.

Le candidat de l'opposition Carlos Mesa en conférence de presse à La Paz, le 24 octobre 2019 [AIZAR RALDES / AFP]
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Le candidat de l'opposition Carlos Mesa en conférence de presse à La Paz, le 24 octobre 2019

 

Le parti de Morales «vient juste de consommer la fraude» électorale, a dénoncé le centriste Carlos Mesa, président de 2003 à 2005, qui demande aux Boliviens de poursuivre la mobilisation. Il a reçu le soutien d'un collectif de partis et organisations de droite et du centre.

«Nous avons gagné au premier tour», avait lancé devant la presse quelques heures avant la fin du dépouillement le président socialiste, au pouvoir depuis 2006 et en route pour un quatrième mandat 2020-2025.

Après de premiers chiffres partiels le soir du vote, dimanche, laissant entrevoir un second tour, de nouveaux résultats diffusés lundi avaient pratiquement donné la victoire au chef de l'Etat sortant, suscitant de la part de l'opposition et des observateurs internationaux des soupçons de fraude.

L'Union européenne a appelé jeudi à «mettre un terme au processus de dépouillement en cours», estimant que «la meilleure option serait la tenue d'un second tour pour rétablir la confiance et s'assurer du respect du choix démocratique du peuple bolivien».

De leur côté, les Etats-Unis, le Brésil, l'Argentine et la Colombie ont demandé jeudi qu'un second tour ait lieu si l'Organisation des Etats américains (OEA) ne confirmait pas le résultat du premier tour.

L'OEA, dont la mission d'observation avait fait part de sa «surprise» et son «inquiétude» face au revirement du décompte, a accepté de réaliser un audit des résultats. Mais aucune précision sur la date et les conditions de cette mission n'avait été communiquée pour l'heure.

Des partisans du président Evo Morales affrontent ceux de son opposant Carlos Mesa (hors image) à Santa Cruz, le 24 octobre 2019 [DANIEL WALKER / AFP]
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Des partisans du président Evo Morales affrontent ceux de son opposant Carlos Mesa (hors image) à Santa Cruz, le 24 octobre 2019

 

«Ces résultats ne devraient pas être considérés comme légitimes jusqu'à la fin du processus d'audit demandé», a prévenu Luis Almagro, le secrétaire général de cette organisation basée à Washington.

Les Etats-Unis, le Brésil, l'Argentine et la Colombie ont également menacé de ne pas reconnaître Evo Morales. Ces pays, «au côté de la communauté démocratique internationale, ne reconnaîtront que les résultats reflétant réellement la volonté du peuple bolivien».

A contrario, Cuba, le Venezuela et le Mexique ont félicité Evo Morales pour sa réélection. Caracas a notamment fait part de «sa profonde admiration pour la victoire démocratique» du président bolivien.

«Mesa c'est le Guaido des Andes», s'est défendu Juan Ramon Quintana, un des ministres d'Evo Morales, en référence au chef de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaido, reconnu comme président par intérim du Venezuela par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.

Plusieurs blessés dans des affrontements

«Il est en train de miser sur l'option vénézuélienne d'un gouvernement parallèle. Avec son silence complice, il est en train de légitimer la violence», a-t-il ajouté en référence aux violents incidents qui opposent les deux camps depuis le dépouillement.

Entre lundi et mercredi, des manifestants ont brûlé cinq tribunaux électoraux départementaux, tandis qu'une grève nationale a été lancée depuis Santa Cruz, bastion de l'opposition et zone la plus riche du pays.

Depuis dimanche, des affrontements avec la police ou entre pro et anti-gouvernement ont eu lieu à La Paz et en divers points du pays, faisant plusieurs blessés.

Des partisans de l'opposition se tiennent derrière un feu lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à La Paz, le 24 octobre 2019 [JORGE BERNAL / AFP]
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Des partisans de l'opposition se tiennent derrière un feu lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à La Paz, le 24 octobre 2019

 

Jeudi soir, de violents incidents entre les deux camps et avec la police se poursuivaient à La Paz, Cochabamba et Santa Cruz.

«Nous allons poursuivre la mobilisation (...) la jeunesse de Santa Cruz est prête à mettre sa vie entre parenthèses si on ne respecte pas la démocratie», s'est exclamé jeudi à La Paz Luis Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation conservatrice rassemblant commerçants, entrepreneurs et simples citoyens.

Des Boliviens, qui dénoncent une «autocratie», n'ont pas digéré la décision de M. Morales de briguer un quatrième mandat, alors que les électeurs s'étaient prononcés contre à l'occasion d'un référendum en 2016.

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