Encore méconnu à l'international, il pourrait devenir le prochain Premier ministre israélien. En réussissant cet exploit, Benny Gantz mettrait fin à 20 ans de gouvernance de l'indéboulonnable Benjamin Netanyahou. Soutenu par les partis arabes, troisième force politique du pays après les élections du 17 septembre, le leader du parti Bleu-blanc a été chargé ce lundi 21 octobre par le président Reuven Rivlin de former un nouveau gouvernement, après que Benjamin Netanyahou a jeté l'éponge.
Benny Gantz, qui a récolté le soutien de 54 élus à l'issue des législatives (contre 55 pour Netanyahou), disposera à partir de jeudi, jour du transfert de mandat, de 28 jours pour remplir à bien la tâche de former un gouvernement, qui s'annonce pour lui aussi très difficile. «Bleu-blanc est déterminé à former un gouvernement d'union libéral, mené par Benny Gantz, pour lequel les gens en Israël ont voté il y a un mois», a indiqué lundi soir dans un communiqué le parti Bleu-blanc.
Un ancien chef d'État-major
Comme aux États-Unis, un parcours de militaire aide souvent à gagner de la sympathie auprès de la masse électorale israélienne. À ce niveau-là, Benny Gantz est très clairement au-dessus des autres candidats puisqu'il a fait toute sa carrière dans l'armée. D'abord parachutiste, il gravit les échelons jusqu'au rang de général à seulement 42 ans, puis devient chef d'état-major entre 2011 et 2015. Conscient de l'apport politique que cela lui apporte, son passé de combattant est son argument numéro 1.
Il n'hésite d'ailleurs pas à attaquer directement Benjamin Netanyahou sur ce sujet : «Les jours où je commandais l’unité de combat Shaldag dans des opérations en territoire ennemi au risque de nos vies, toi, Benjamin Netanyahou, tu progressais avec courage et détermination d’une séance de maquillage à l’autre sur les plateaux de télévision.» Un grand nombre de clips de campagnes de Benny Gantz reprenaient d'ailleurs des images où l'on pouvait l'apercevoir en train de disserter sur ses réussites dans l'armée, comme cette fois où il s'était vanté d'avoir plongé une partie de Gaza «dans l'âge de pierre» après la guerre de 2014.
Une carrière politique fulgurante
Il ne lui aura pas fallu longtemps pour se faire sa place dans le paysage politique israélien. Fin 2018, l'ancien militaire annonce son entrée dans ce nouveau monde, et prend rapidement la tête de Résilience d'Israël, un parti centriste, avant de former Bleu-blanc, une alliance de plusieurs mouvements qui a pour but de succéder à Benjamin Netanyahou. En moins d'un an, il est donc passé du statut de nouveau politicien à potentiel Premier ministre.
Proche de Netanyahou sur plusieurs points
Si Benjamin Netanyahou et Benny Gantz peuvent avoir leurs différences, leur politique sécuritaire et leur vision du conflit israélo-palestinien sont assez proches. Ainsi, l'ancien chef d'état-major ne veut pas d'un retrait israélien du plateau du Golan et souhaite conserver une présence militaire dans les territoires en Cisjordanie. En revanche, son parti serait en faveur de la solution à deux Etats, là où Benjamin Netanyahou n'œuvrait plus en ce sens. Cependant, pour le comprendre, il faut lire entre les lignes du manifeste Bleu-blanc qui parle seulement d'une séparation entre Israéliens et Palestiniens.
C'est sur la politique intérieure que les deux hommes se différencient le plus. Proche des ultra-orthodoxes juifs, Benjamin Netanyahou a pris plusieurs mesures pour assoir la religion juive dans la vie de la société israélienne. Benny Gantz est lui plus libéral, et envisage par exemple d'autoriser le mariage civil (non pratiqué dans le pays).
Il considère Jerusalem comme la capitale d'Israël
La ville sainte est l'un des enjeux principaux du conflit israélo-palestinien. La moindre déclaration sur le sujet peut entraîner des violences et des controverses, comme lorsque les Etats-Unis de Donald Trump ont pris la décision de déménager leur ambassade de Tel Aviv à Jerusalem. L'idée derrière ce déménagement est de considérer la ville comme la capitale du pays, allant contre la volonté de la communauté internationale.
Benny Gantz veut, comme le Likoud, le parti de Netanyahou, faire en sorte que Jerusalem soit la capitale unifiée d'Israël. Une décision qui ne l'a pourtant pas empêché d'être soutenu par les partis arabes israéliens, ce qui montre, peut-être, la volonté forte d'une partie de la frange politique de se débarrasser coûte que coûte de Benjamin Netanyahou.