Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a renoncé ce lundi 21 octobre à former un gouvernement, laissant la voie libre à son rival Benny Gantz, qui essayera à son tour de mettre fin à plus de six mois d'impasse politique.
Cette annonce est un important revers pour Benjamin Netanyahou qui, après plus d'une décennie au pouvoir, entend se maintenir à la tête d'Israël, malgré une possible prochaine inculpation pour corruption. Mais le leader de droite pourrait ne pas avoir dit son dernier mot, alors que, selon les analystes, l'ancien chef de l'armée Benny Gantz est susceptible lui aussi d'échouer à former un gouvernement d'union.
Dans ce cas, le président Rivlin pourrait demander à une majorité de députés de désigner un candidat. Reuven Rivlin a dit à plusieurs reprises qu'il ferait tout son possible pour éviter d'autres élections - qui seraient les troisièmes depuis avril - mais la poursuite de l'impasse politique pourrait les rendre inévitables.
Dans une vidéo diffusée en soirée sur Facebook, Benjamin Netanyahu a indiqué avoir «rendu son mandat pour tenter de former un gouvernement» au président Reuven Rivlin.
Tâche difficile
Il a accusé Benny Gantz d'avoir fait échouer toutes ses tentatives pour former un gouvernement d'union nationale. Peu de temps après, le président Rivlin a annoncé dans un communiqué qu'il avait l'intention de mandater désormais Benny Gantz, chef du parti Bleu-Blanc, pour tenter à son tour de former un gouvernement.
Toutes les factions de la Knesset - le Parlement israélien - vont être informées que «le président a l'intention de transférer le mandat pour former le gouvernement, dès que possible, au président de Bleu-Blanc, le député Benny Gantz», selon le communiqué, qui a précisé que ce transfert aurait lieu jeudi.
Benny Gantz, un ancien chef de l'armée, disposera aussi de 28 jours pour remplir à bien cette tâche qui s'annonce pour lui aussi difficile.
A l'issue des élections législatives du 17 septembre, Benjamin Netanyahou et Benny Gantz ont récolté respectivement les soutiens de 55 et 54 élus pour diriger le prochain gouvernement, mais sans atteindre le seuil de 61 députés leur permettant de former un gouvernement majoritaire.
Le président Rivlin avait mandaté Benjamin Netanyahu, qui cherche à prolonger son règne, déjà le plus long de l'histoire d'Israël, pour tenter de rallier Benny Gantz dans un gouvernement d'union. Mais les pourparlers n'ont pas abouti.
«Le temps est venu d'agir», a indiqué lundi soir dans un communiqué le parti Bleu-Blanc. «Bleu-Blanc est déterminé à former un gouvernement d'union libéral, mené par Benny Gantz, pour lequel les gens en Israël ont voté il y a un mois», a-t-il ajouté. Par «libéral», le parti veut dire qu'il cherchera à limiter l'influence, dans la formation d'un gouvernement de coalition, des partis religieux, alliés de Benjamin Netanyahu.
Lors des négociations des dernières semaines, le Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahou, a tenté de faire accepter par les centristes de Bleu-Blanc un compromis, élaboré par le président Rivlin, selon lequel Benjamin Netanyahu et Reuven Rivlin occuperaient le poste de chef de gouvernement à tour de rôle.
Cette proposition prévoyait que Benjamin Netanyahou soit le premier à occuper la fonction de Premier ministre, mais soit remplacé, dès sa probable inculpation pour corruption d'ici la fin de l'année, par Benny Gantz.
Qui en premier ?
Mais Benny Gantz a estimé qu'ayant obtenu le plus grand nombre de sièges le 17 septembre - 33 à Bleu-Blanc contre 32 au Likoud -, il devait être le premier à occuper le poste de chef du gouvernement. Il a aussi affirmé à plusieurs reprises que son parti ne siègerait pas dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre sous le coup d'une inculpation pour corruption.
Benjamin Netanyahou, de son côté, a également compliqué les discussions en promettant qu'il n'abandonnerait pas les petits partis religieux de droite qui l'avaient soutenu au Parlement, affirmant qu'il représentait l'ensemble du bloc de droite, fort de 55 députés, dans les négociations.
Benny Gantz a estimé cette condition inacceptable, car elle le relèguerait à un rôle de partenaire secondaire d'un gouvernement Netanyahu. Malgré son annonce lundi, jour de ses 70 ans, Benjamin Netanyahu ne semble pas être prêt à abandonner le poste qu'il occupe depuis plus de 13 ans.
Selon la loi israélienne, un Premier ministre n'est pas obligé de démissionner s'il est inculpé, seulement s'il est condamné et que tous les appels ont été épuisés.