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Brexit : Londres dépêche son émissaire à Bruxelles pour d'ultimes discussions

Le négociateur sur le Brexit pour l'UE Michel Barnier, le 23 septembre 2019 à Berlin [John MACDOUGALL / AFP] Le négociateur sur le Brexit pour l'UE Michel Barnier, le 23 septembre 2019 à Berlin [John MACDOUGALL / AFP]

Boris Johnson dépêche son ministre du Brexit jeudi à Bruxelles pour des discussions de la dernière chance au moment où le négociateur en chef de l'Union européenne juge «très difficile» mais encore «possible» de parvenir à un accord.

L'UE a donné jusqu'à la fin de la semaine au gouvernement britannique pour lui présenter un compromis acceptable et arriver à une séparation à l'amiable le 31 octobre, plus de trois ans après la victoire du «leave» au référendum. Faute d'accord, le Royaume-Uni se prépare à un «no deal» potentiellement ravageur pour son économie, à moins que Boris Johnson ne soit contraint par son Parlement à un troisième report.

Alors que les deux parties semblaient mardi se préparer à un échec, le ministre du Brexit Steve Barclay va rencontrer jeudi à Bruxelles le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier pour faire le point à l'issue d'une «semaine de négociations techniques», a déclaré mercredi Downing Street.

«Je pense qu'un accord est possible, très difficile mais possible», a déclaré Michel Barnier sur la chaîne britannique de télévision Sky News. «L'UE va rester calme, vigilante, respectueuse et constructive».

Depuis le début de la semaine, les négociations ont lieu sur la base d'un projet présenté la semaine dernière par Boris Johnson pour tenter de résoudre le casse-tête de la frontière irlandaise et rejeté en l'état par les Européens.

L'enjeu est d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord, une province britannique, et la République d'Irlande, un Etat membre de l'UE, et de préserver la paix sur l'île, qui a connu plusieurs décennies de violences.

Les pourparlers n'ont pas permis de régler les points de désaccord et des sources britanniques ont jugé mardi un accord très improbable après un entretien téléphonique difficile entre Boris Johnson et la chancelière allemande Angela Merkel.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson sort du 10 Downing Street, le 3 octobre 2019 à Londres [ISABEL INFANTES / AFP/Archives]
Le Premier ministre britannique Boris Johnson sort du 10 Downing Street, le 3 octobre 2019 à Londres

Les fuites britanniques sur cet échange ont fait sortir de ses gonds le président du Conseil européen Donald Tusk qui a accusé le Premier ministre britannique de jouer avec «l'avenir de l'Europe et du Royaume-Uni» en se prêtant à un «jeu stupide consistant à trouver un coupable» en cas d'échec des négociations

Boris Johnson a également appelé mardi soir son homologue irlandais Leo Varadkar et ils «espèrent se rencontrer cette semaine», selon Downing Street. M. Varadkar a cependant convenu qu'il serait «très difficile de parvenir à un accord d'ici à la fin de semaine prochaine», sur la chaîne de télévision RTE.

Séance historique du Parlement

L'objectif est d'arriver à un compromis avant le sommet européen des 17 et 18 octobre. Faute d'accord le 19, une loi impose au Premier ministre de demander un report de trois mois, bien qu'il ait promis un Brexit coûte que coûte le 31 octobre.

Selon plusieurs médias britanniques, le gouvernement compte convoquer une session extraordinaire du Parlement pour le 19 octobre quelle que soit l'issue du sommet européen. Ce serait la première fois que les députés siégeraient un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982.

Dans tous les cas, des élections anticipées semblent inévitables vu la profondeur de la crise politique dans laquelle le Brexit a plongé le Royaume-Uni et tous les partis s'y préparent activement.

Brexit : le plan de Boris Johnson [Gillian HANDYSIDE / AFP]
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Brexit : le plan de Boris Johnson

Signe qu'un «no deal» semble de plus en plus probable : plus d'1,8 million d'Européens ont demandé à rester dans ce pays après sa sortie de l'UE, dont un demi-million pour le seul mois de septembre.

«Quand on fait peur aux gens, les gens s'inquiètent et ils essaient de garantir leur statut et le gouvernement leur a fait très peur avec le risque de +no deal+», a estimé Nicholas Hatton, fondateur de The3Million, une association défendant les intérêts des citoyens européens au Royaume-Uni.

Dans un entretien avec les quotidiens français les Echos et l'Opinion, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a averti qu'un divorce sans accord «entraînerait un affaissement du Royaume-Uni et un net affaiblissement des ressorts de croissance sur le continent».

«Perdre un Etat-membre pour des raisons de stricte politique intérieure (...) reste une véritable tragédie», a-t-il regretté.

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