Un statu quo qui fait des dégâts. Alors que la crise s'enlise à Hong Kong après quatre mois de contestation contre le recul des libertés et l'omniprésence de la Chine dans la vie politique du territoire autonome, les manifestants ne sont plus aussi pacifiques que par le passé. Le 6 octobre, ils étaient encore plusieurs milliers à braver la pluie et les gaz lacrymogènes pour protester.
Si certains viennent toujours avec des parapluies pour défiler de manière calme, une autre frange de la population hongkongaise ne supporte plus d'attendre sans que l'exécutif pro-Pékin n'avance sur les dossiers de la démocratie. Ainsi, depuis plus d'un mois, les violences comme des jets de pierres ou de cocktails molotov contre les forces de l'ordre sont devenues quasi systématiques lors des différents rassemblements, en réponse aux gaz lacrymogènes et aux canons à eaux des policiers.
Pour empêcher que cela ne se propage, le pouvoir a fait passer une loi pour interdire les masques lors des manifestations le 4 octobre. Une grande majorité de Hongkongais les utilise car se retrouver dans un tel rassemblement est mal perçu par les employeurs, et peut entraîner une perte de son travail, sans parler des risques de poursuites judiciaires. La majorité des stations de métro étaient également fermées le samedi 5 octobre, pour empêcher les militants de se rendre sur place.
Toutes ces tentatives n'ont cependant pas réussi à enrayer la contestation. La seule annonce de l'interdiction des masques a déclenché une vague de violence et des actes généralisés de vandalisme. Des élus pro-démocratie du Conseil législatif ont déposé un recours pour faire annuler cette décision, sans succès pour le moment. Carrie Lam, qui avait tenté un dialogue avec 150 citoyens fin septembre, a donc décidé d'accentuer la pression sur les manifestants, preuve que le régime dirigé à distance par la Chine ne compte pas lâcher du lest sur les libertés individuelles et la démocratie à Hong Kong dans les semaines qui viennent.