La majorité des stations du métro hongkongais demeurait fermée dimanche, paralysant toujours la ville deux jours après un déferlement d'actes de vandalisme contre le réseau, alors que de nouvelles manifestations étaient attendues dans l'après-midi.
De leur côté, des élus prodémocratie du Conseil législatif (LegCo), le Parlement local, vont défendre dimanche un recours contre la décision de l'exécutif d'interdire le port du masque lors des manifestations en invoquant des dispositions d'urgence court-circuitant le contrôle parlementaire. C'est cette décision annoncée vendredi par la cheffe de l'exécutif Carrie Lam qui a, encore, mis le feu aux poudres et débouché sur une soirée de violences et d'actes de dégradation ciblés notamment contre MTR, la société gérant le métro de Hong Kong, et accusée de faire le jeu de Pékin.
Hong Kong traverse depuis quatre mois sa pire crise politique, avec des actions et manifestations quasi-quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et la mainmise grandissante du gouvernement chinois sur les affaires de sa région semi-autonome, et exiger aussi des réformes démocratiques.
Alors que les métros n'avaient pas circulé samedi, la société MTR a indiqué que 45 stations étaient ouvertes dimanche, mais que 48 resteraient fermées, notamment dans les quartiers touristiques du centre et dans ceux qui ont été particulièrement affectés par la contestation.
Sur les forums en ligne utilisés par les manifestants, des appels ont été lancés en faveur d'un nouveau rassemblement dans l'après-midi à Victoria Park, un grand parc au coeur de l'île de Hong Kong.
Samedi, des milliers de manifestants ont encore pris part à des rassemblements non autorisés et des flashmobs dans divers quartiers de la ville.
La loi d'urgence invoquée vendredi par Carrie Lam date de 1922, une époque où Hong Kong était une colonie britannique, et ses dispositions n'avaient plus été utilisées depuis les émeutes de 1967. Elle autorise l'exécutif à prendre «n'importe quelle mesure», sans feu vert du corps législatif, dans l'éventualité d'une situation d'urgence ou d'un danger pour la population.
Le choix de l'invoquer a été salué par Pékin et par les partisans du gouvernement. Mais l'opposition et les manifestants y voient les prémisses d'une dérive autoritaire.
«Je crois que c'est une des questions de constitutionnalité les plus plus importantes de l'histoire de Hong Kong», a déclaré dimanche aux journalistes le député Dennis Kwok, au sujet du recours formé contre cette décision.
«Cela pourrait être notre dernière bataille constitutionnelle. Au nom de la loi, ils essaient de faire du tort aux gens et d'écraser l'opposition.»