La cour d'appel de Paris a condamné ce jeudi 3 octobre Jean-Marie Le Pen pour deux injures publiques visant les homosexuels.
Le cofondateur du Front national, âgé de 91 ans, a été condamné à 2 400 euros d'amende pouvant se transformer en emprisonnement en cas de non-paiement. C'est plus que les 800 euros que l'ancien tribun de l'extrême droite, coutumier des provocations et des poursuites judiciaires, s'était vu infliger en première instance, en novembre 2018.
Mais là où le tribunal correctionnel l'avait condamné pour les trois séries de propos qui lui étaient reprochés, la cour d'appel a estimé qu'il n'avait pas excédé les limites du droit à l'humour en affirmant que «les homosexuels, c'est comme le sel dans la soupe: s'il n'y en a pas assez c'est un peu fade, s'il y en a trop c'est imbuvable».
Il a donc été relaxé des délits de provocation à la haine et d'injure s'agissant de cette sortie de décembre 2016.
En revanche, la cour a confirmé sa condamnation pour injure pour avoir affirmé en mars 2016, dans son «Journal de bord» vidéo sur son blog: «Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse... interdites, mais tout de même, dans l'exaltation de l'homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l'enfance et la jeunesse».
Il devra payer 2 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros au titre des frais de justice à l'association Mousse, qui lutte contre les discriminations homophobes et sexistes. «Ces indemnités permettront de faire un don à l'association Ardhis, qui soutient les réfugiés LGBT», a réagi l'association dans un communiqué: «Merci M. Le Pen»
Jean-Marie Le Pen a aussi vu sa condamnation pour injure confirmée, pour avoir commenté les obsèques du policier Xavier Jugelé, tué en avril 2017 dans un attentat jihadiste sur les Champs-Élysées, au cours desquelles son compagnon s'était exprimé, en ces termes: «Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l'écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d'ailleurs à plus de discrétion».
Le dossier s'étant soldé par deux propos condamnés pour injure alors que chacune des trois saillies reprochées à M. Le Pen avait fait l'objet de poursuites à la fois pour injure et provocation à la haine, son avocat, Frédéric Joachim, s'est dit «heureux de constater que sur les six poursuites intentées, Jean-Marie Le Pen a été relaxé pour quatre d'entre elles.»
S'agissant du «sel dans la soupe», l'avocat s'est satisfait de voir reconnue «la liberté d'expression» de son client.