Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
DIMANCHE 8 SEPTEMBRE
Une longue, longue file d’attente à la Fondation Cartier, boulevard Raspail à Paris. Jeunes urbains, tempes grises, enfants accompagnés, femmes et hommes de tous âges… Tous sont venus admirer l’extraordinaire exposition Nous les arbres, qui a démarré le 12 juillet dernier et a déjà accueilli plus de 60.000 visiteurs. Enorme succès, dû, bien entendu, à la qualité de l’exposition, mais aussi, sans aucun doute, à cette prise de conscience collective de l’importance des arbres dans nos vies, augmentée par une actualité violente : l’Amazonie qui brûle.
J’ai été fasciné par la richesse de la proposition artistique et scientifique qui tourne autour de quelques grands thèmes : la connaissance des arbres, leur esthétique, leur destruction. Les œuvres abondent. Tableaux, dessins, installations, sculptures, inventions et créations éblouissantes de talent et de couleurs. On s’arrête devant chaque toile, chaque photo. Les dessins d’artistes yanomami, ces Indiens vivant dans la forêt de l’Amazonie brésilienne, un peuple autochtone en danger – on apprend, au fil de l’exposition, que 238 langues sont en voie de disparition – m’ont charmé.
Il y a, dans leurs représentations d’arbres, feuilles, fleurs, fruits, écorces, une fraîcheur, une naïveté, une pureté. Retenez quelques noms : le Brésilien Luiz Zerbini, le Yanomami Joseca, et, dans d’autres salles, deux Italiens, Leonardi et Stagi. Leur minutieuse utilisation de photographies les ont conduits à réaliser des dessins, à l’encre de chine sur papier-calque, étonnants de méticulosité et de sophistication graphique.
Et puis, il y a le film de Raymond Depardon et Claudine Nougaret : Mon arbre. Comme toujours, avec ce remarquable reporter-photographe et artiste, c’est simple, naturel et efficace : des habitants de quelques petites communes de France, face à la caméra, parlent des platanes de leur village, de cyprès en Isère, ou d’un cèdre bleu pleureur dans la vallée du Loup. C’est merveilleux de spontanéité et de franchise, celles de gens qui soignent, observent, aiment leurs noyers, tulipiers, arbousiers… Je vous recommande Nous les arbres, qui se tient jusqu’au 10 novembre.
MERCREDI 11 SEPTEMBRE
Une bonne nouvelle : le départ de John Bolton, viré à la Trump, c’est-à-dire sans manières, par le seul truchement d’un tweet. Ce conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche était le pire des «faucons», obsédé par la ligne dure en matière de rapports internationaux, quitte à souhaiter conflits et interventions armées. Un soulagement général s’est emparé du monde diplomatique. «Je pense que la menace d’une guerre à l’échelle mondiale est en train de s’évanouir avec la chute de Bolton», a d’ailleurs déclaré le sénateur Rand Paul, un républicain très conservateur du Kentucky.
Autres bonnes nouvelles : en foot, les Bleus «font le job». Leurs adversaires (l’Albanie et Andorre) n’étaient pas très redoutables, mais enfin, la France a marqué sept buts en deux matchs. Par ailleurs, d’autres Bleus ont accompli l’exploit de battre, en quarts de finale du Mondial de basket, une équipe US, certes diminuée, mais tout même, c’est une sacrée date !
Il y a un homme infatigable. Il s’agit de Daniel Lacotte, auteur de plus de trente-cinq ouvrages consacrés aux mots, proverbes, métaphores, travers de la langue française, avec des titres aussi savoureux que D’où vient cette pipelette en bikini qui marivaude dans un bain bouillonnant avec un gringalet en bermuda ? (éd. Vuibert). Sa nouvelle publication est arrivée : 100 % zéro faute (First Editions). Elle a pour ambition d’essayer de nous faire parler un français convenable. Il assassine les tics de langage – «à très vite» – et les pléonasmes – «Annoncer à l’avance». C’est drôle et utile. Ainsi : «Quelle est la différence entre amener et apporter ?» On attend vos réponses.