Contraint par le Parlement, le gouvernement britannique a rendu public ce mercredi 11 septembre un document officiel listant les conséquences possibles d'un Brexit sans accord au Royaume-Uni, dont le nom de code est «Opération Yellowhammer». Perturbations à la frontière, risques de pénuries, tensions sociales... Le tableau dépeint est loin d'être réjouissant.
Selon le ministre en charge du Brexit, Michael Gove, ce rapport de cinq pages «décrit ce qui pourrait se passer dans le pire des cas». Mais il ressemble étrangement au texte qui avait fuité mi-août, dévoilé par le Sunday Times, qui présentait d'après le journal les conséquences «les plus probables» en cas de «no deal».
Selon le document publié par le gouvernement britannique mercredi, daté du 2 août et qu'il est en train de «mettre à jour», un Brexit sans accord entraînerait tout d'abord des perturbations dans les transports. Jusqu'à 85 % des poids-lourds britanniques pourraient ne pas être en mesure de franchir les contrôles douaniers français, entraînant une baisse de «40 à 60 % du niveau actuel» de circulation. Cette situation pourrait durer trois mois.
Pour les camions en règle, ils pourraient devoir attendre entre un jour et demi et deux jours et demi pour traverser la frontière. Par ailleurs, pour les touristes britanniques voulant voyager dans l'UE, des retards dans les aéroports et les ports sont à prévoir, en raison du renforcement des contrôles d'immigration.
Vers un désordre social ?
Ces perturbations pourraient «avoir un impact sur l'approvisionnement en médicaments et matériel médical», ainsi qu'en produits frais. Le rapport précise que cela «ne causera pas de pénurie générale de produits alimentaires au Royaume-Uni, mais réduira la disponibilité et le choix de produits, et augmentera les prix, ce qui pourrait avoir une impact sur les individus vulnérables». Il alerte aussi sur le risque d' «achats de panique», qui pourraient accroître les problèmes d'approvisionnement en nourriture. Des pénuries de carburant pourraient également se faire jour dans le sud-est de l'Angleterre.
Tout cela pourrait provoquer «des manifestations et des contre-manifestations à traves le Royaume-Uni», mais aussi «un accroissement des troubles publics et des tensions communautaires», est-il écrit dans le document. Des accrochages pourraient également éclater dans les zones de pêche entre pêcheurs britanniques et étrangers, indique le rapport.
Ce dernier alerte enfin sur la «faible» préparation du public et des entreprises à un Brexit sans accord, en raison des incertitudes planant sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE, fixée au 31 octobre (accord, «no deal», nouveau report...). Et cela ne devrait pas s'arranger, à cause de ce que le document voit comme «une fatigue croissante vis-à-vis du retrait de l'UE».