Le Premier ministre britannique Boris Johnson se rendra ce lundi 9 septembre en Irlande, en plein chaos sur le Brexit, où il rencontrera notamment son homologue Leo Varadkar. Il y évoquera principalement le «backstop», cette disposition de l'accord de divorce avec l'UE qui constitue le principal point de blocage des négociations.
Le backstop (ou «filet de sécurité» en français) figure dans le traité de retrait conclu par Theresa May, la prédécesseure de Boris Johnson, avec l'UE, en novembre dernier. Un texte qui a depuis été rejeté trois fois par le Parlement britannique (le 15 janvier, le 12 mars et le 29 mars).
Ce mécanisme vise à éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, qui appartient au Royaume-Uni, après le Brexit. Les Britanniques comme les Européens craignent en effet qu'en cas de rétablissement d'une frontière «dure» entre les deux territoires, cela ravive les tensions et réveille le spectre de la guerre civile en Irlande du Nord.
Opposant les unionistes et les républicains, ces «troubles» ont fait 3.500 morts et 47.000 blessés entre la fin des années 60 et la fin des années 90. Ce conflit meurtrier s'est achevé grâce à la conclusion de l'accord du Vendredi saint en 1998, autorisant notamment les habitants à se déplacer librement entre les deux Irlandes.
Critiqué par Boris Johnson
Concrètement, le backstop prévoit que le Royaume-Uni reste temporairement dans une «union douanière» avec l'UE après la période de transition prévue pour le Brexit, fin 2020 (prolongeable jusqu'à fin 2022), si aucune autre solution n'est trouvée d'ici là pour éviter qu'il y ait de nouveau une véritable barrière sur l'île d'Irlande.
C'est-à-dire que les marchandises continueraient à pouvoir circuler librement entre le Royaume-Uni et les Etats membres de l'UE, sans quotas ni droits de douane. De son côté, l'Irlande du Nord devrait en plus devoir continuer à respecter certaines normes européennes (sanitaires, environnementales, taxes...). Ce filet de sécurité resterait en vigueur jusqu'à ce qu'un arrangement alternatif soit trouvé par Londres et Bruxelles.
Inacceptable pour les députés britanniques les plus favorables au Brexit, mais également pour Boris Johnson, qui appelle à retirer le backstop du traité de retrait. Ils craignent que ce dispositif laisse le Royaume-Uni arrimé indéfiniment à l'UE - aucune limite de temps n'étant fixée -, et ne lui permette donc pas de mener une politique commerciale indépendante des règles européennes. Le backstop empêche en effet Londres de signer des accords de libre-échange avec d'autres Etats, alors que le président américain Donald Trump a promis un «très grand accord commercial» avec le Royaume-Uni après le Brexit.