Des chars peuvent-ils défiler dans les rues de Hong Kong dans les prochains jours, semaines ou mois ? C'est une question qui se pose après l'activité de la police armée chinoise à la frontière avec le territoire indépendant.
Le 29 août, les troupes de la garnison installée en permanence à Hong Kong ont également été relevées. Une manoeuvre qui montre la volonté de la Chine de rester très présente sur place, alors que le pouvoir central explique cela par le risque de violences, après de nombreux affrontements entre la police et les manifestants.
Mais est-ce que l'augmentation de ces violences pourrait entrainer une l'invasion militaire pour régler la situation, trois mois après le début des manifestations demandant plus de démocratie dans le territoire hongkongais ? Pour Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Iris et spécialiste de la Chine, c'est bien possible : «le gouvernement cherche à légitimer l'usage de la violence militaire, mais on en est encore loin. Il faudra cependant que la situation soit réglée pour le 1er octobre et les 70 ans de l'accession au pouvoir de Mao Zedong».
- Un conseiller de la Maison Blanche a évoqué le spectre de Tiananmen en commentant les forces massées par Pékin près de la frontière de Hong Kong. L'ambassadeur de Chine à Londres a adressé un ferme avertissement aux manifestants de l'ex-colonie britannique
(4/5) #AFP pic.twitter.com/Z4egj5lxyo— Agence France-Presse (@afpfr) August 15, 2019
Pour cet anniversaire, voir que la Chine n'a pas su résoudre le conflit serait en effet un camouflet pour le gouvernement, et surtout pour Xi Jinping. En attendant, les blindés à la frontière sont avant là en guise de communication, de manière à intimider les manifestants. «Les Chinois veulent à tout prix éviter un nouveau Tiananmen, désastreux en terme d'image», confie Jean-Vincent Brasset.
Ce dernier affirme également que les dernières arrestations de Joshua Wong et Agnes Chow ne sont pas anodines. Les deux militants, très médiatiques, proviennent de mouvances minoritaires dans la contestation actuelle, majoritairement dirigée par le Front Civil des Droits de l'Homme (FCDH). En les ciblant, «la Chine espère radicaliser le FCDH, qui est très modéré. S'ils se radicalisent, le risque de violences augmente, et cela justifierait plus facilement l'usage de l'armée sur le territoire hongkongais», assure le chercheur de l'Iris. La prochaine manifestation étudiante du 2 septembre, pourrait donc avoir plus d'importance qu'il n'y paraît.