Les dirigeants du G7 vont tenter de s'accorder dimanche sur des mesures d'urgence contre les feux de forêt en Amazonie mais aussi, ce qui s'annonce plus difficile, sur une relance de l'économie mondiale déprimée par la guerre commerciale entre Washington et Pékin.
Mais la journée va débuter par une image très attendue, celle de la première rencontre entre le président américain et Boris Johnson depuis que ce dernier a pris les rênes du Royaume-Uni en pleine crise du Brexit. Réputés pour leur caractère volontiers provocateur, les deux dirigeants vont-ils faire front commun face aux autres, comme le craignent les Européens ?
Pas sûr car, même s'ils sont tous deux partisans du Brexit, Boris Johnson a regretté samedi les «barrières considérables» qui freinent les exportations britanniques aux Etats-Unis. Et à appeler Donald Trump à les lever pour que les deux pays puissent conclure un accord de libre-échange une fois le Royaume-Uni ayant quitté l'Union européenne.
Après ce petit-déjeuner, Donald Trump et Boris Johnson rejoindront Emmanuel Macron, Angela Merkel, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Justin Trudeau pour discuter de la sécurité mondiale et de l'état de l'économie. Ces dernières semaines, des signaux préoccupants sont apparus en Allemagne, en Chine et aux Etats-Unis, laissant craindre une phase d'affaiblissement marqué de la croissance au niveau mondial.
«convergence»
Européens et Japonais en font porter une partie de la responsabilité à la guerre commerciale que se livrent Washington et Pékin, qui ont encore surenchéri vendredi en annonçant de nouvelles taxes douanières.
«Les tensions commerciales sont mauvaises pour tout le monde», a averti le président Emmanuel Macron, résumant l'inquiétude générale. Il a notamment cherché à convaincre Donald Trump de ne pas punir le vin français en contrepartie de la décision de Paris de taxer les «GAFA» (Google, Amazon, Facebook, Apple, et autres géants américains).
Emmanuel Macron a tenté de déminer les crispations avec son homologue américain au cours d'un long déjeuner de deux heures samedi sur la terrasse du luxueux Hôtel du Palais qui surplombe la grande plage de Biarritz.
La discussion «a créé les conditions pour un bon niveau de convergence au sein du groupe (du G7) en obtenant des clarifications de Donald Trump» sur les principaux sujets, «accords et désaccords compris», a affirmé l'Elysée. Avec, comme priorité, que ce sommet du G7, décrié par une partie de l'opinion, soit «utile». «De nombreuses bonnes choses arrivent pour nos deux pays. Grand week-end avec d'autres dirigeants du monde», a tweeté de son côté Donald Trump.
Just had lunch with French President @EmmanuelMacron. Many good things are happening for both of our countries. Big weekend with other world leaders!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 24, 2019
Aider l'Amazonie
Les dirigeants devraient plus facilement s'entendre pour participer, notamment financièrement, au combat engagé contre la multitude d'incendies dévastant l'Amazonie, cette «forêt qui brûle» qui est «notre bien commun» selon Emmanuel Macron. Ils devraient apporter leur aide non seulement au Brésil mais aussi au Chili, dont le président Sebastian Pinera a été invité à Biarritz, à déployer des moyens de lutte.
Parmi les autres sujets au menu des débats : le nucléaire iranien, la lutte contre les inégalités ou le partenariat avec Afrique. Avec, selon les séances, la participation d'autres dirigeants, comme ceux de l'Inde, d'Australie ou six d'Afrique. Emmanuel Macron, Angela Merkel et le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré s'exprimeront ainsi ensemble devant la presse sur la crise au Sahel.
«Encercler le G7»
Après être arrivés samedi sous le soleil, les dirigeants vont continuer à profiter d'une vue imprenable sur les vagues de l'Atlantique, loin de toute foule estivale, une partie de Biarritz ayant été évacuée.
A quelques dizaines de kilomètres, les opposants au G7 n'entendent pas désarmer après avoir tenu un contre-sommet en fin de semaine. Samedi, ils ont été plusieurs milliers à marcher, dans le calme, d'Hendaye à la ville frontière espagnole d'Irun, pour réclamer un monde «plus juste» et un environnement «mieux protégé».
Des centaines de personnes sont également descendues dans les rues de Bayonne malgré le déploiement d'un très important dispositif de police, qui a brièvement fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Dimanche, les anti-G7 organisent à Bayonne «une marche des portraits» où devraient être rassemblés tous ceux d'Emmanuel Macron qui ont été décrochés dans les mairies. Sept autres «rassemblement pacifistes» organisés en milieu de journée dans des villes voisines de Biarritz pour «encercler» symboliquement le G7.
Pendant ce temps, conduites par Brigitte Macron, les «premières dames», dont Melania Trump, partent à la découverte du Pays Basque, notamment du village d'Espelette, réputé pour son piment. Le sommet se termine lundi après-midi et Emmanuel Macron a prévu d'en faire le bilan en étant l'invité du JT de France 2 à 20H00.