Le chef indien Raoni a demandé vendredi l'aide de la communauté internationale pour contribuer à «faire partir le plus vite possible» le président brésilien Jair Bolsonaro, qu'il juge responsable des graves incendies en Amazonie.
«Il faut qu'on le fasse partir le plus vite possible», a déclaré le cacique dans une interview réalisée par téléphone par l'AFP depuis Rio, avant son départ d'Allemagne pour l'Amazonie.
«Je pense que le président français (Emmanuel Macron) et d'autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir (Jair) Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution», a-t-il ajouté.
Le cacique a fait ces déclarations alors que l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, est en proie à de graves incendies, provoqués essentiellement par une déforestation qui s'accélère et est aggravée par la saison sèche.
«Je demande une aide extérieure. Je veux qu'il y ait une mobilisation générale pour qu'on éteigne ces feux. On ne peut pas laisser brûler ça comme ça», a poursuivi le chef Raoni, qui n'a «jamais vu ça».
«C'est une catastrophe, ce qu'il est en train de faire avec nous», a poursuivi le cacique au sujet du président d'extrême droite qui encourage le développement de l'agriculture et de l'exploitation minière sur les terres indigènes.
«Dans le temps, les présidents du Brésil ne menaient pas des actions mauvaises, n'incitaient pas à la destruction comme ça. Et maintenant ce nouveau président fait tout de travers».
«Il veut en finir avec la forêt, avec nous (les indigènes), c’est vraiment terrible ce qu’il fait», poursuit le chef du peuple kayapo.
«C'est (lui) qui excite ces gens, comme les fermiers. Ils l'écoutent. Il pensent qu'ils ont tous les droits et se mettent à brûler les forêts» (pour les cultures), ajoute le chef de 89 ans qui se bat inlassablement pour le respect des droits des communautés indigènes.
«Il en va ainsi pour les coupeurs de bois, les chercheurs d'or. Ils se lâchent tous car sa parole les pousse à détruire la forêt beaucoup plus vite», a-t-il accusé.
«C'est la planète qui sera en feu»
Mais les fermiers «devraient comprendre que s’ils continuent ainsi, il n’y aura plus d’oxygène pour que nous puissions respirer».
«Quand je vois tous ces incendies, je suis très triste», ajoute cette figure internationale de la défense de l'Amazonie.
«Si on ne sauve pas le peu qui reste (de l’Amazonie) je vous garantis qu’on va avoir des feux encore plus importants et c'est la planète qui sera en feu. Ce n’est que le début», avertit Raoni Metuktire, qui avait fait une longue tournée en Europe en mai pour s'attacher des soutiens dans son combat.
Jeudi, le président Bolsonaro a accusé le président Macron d'avoir «une mentalité colonialiste» après que celui-ci a annoncé que le sommet du G7 de Biarritz ce week-end se pencherait sur les incendies en Amazonie.
Interrogé sur ces déclarations, le chef Raoni a répondu : «Le président Bolsonaro ment. C’est lui en vérité qui crée les problèmes, qui accentue ces destructions, ces incendies, l’exploration minière. C’est lui qui est en train de coloniser (l’Amazonie), et pas Macron».
Quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés dans «le poumon de la planète» en 24 heures jeudi, selon les chiffres communiqués vendredi par l'Institut national de recherche spatiale (INPE), un organisme brésilien qui observe la déforestation en Amazonie.
Le président Bolsonaro a autorisé par décret vendredi la mobilisation de l'armée en Amazonie pour lutter contre les incendies, en réponse à la pression internationale croissante contre le Brésil.
La mesure autorise pour une durée d'un mois les gouverneurs des Etats concernés à recourir à l'armée pour «l'identification et la lutte contre les foyers d'incendies», ainsi que pour «des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux».
«On va se mobiliser quand on va rentrer au Brésil. On va faire un document et faire une levée de fonds pour en finir avec tous ces problèmes d’attaques contre l’environnement», a conclu le vieux chef indien à la veille de son retour dans son Etat du Mato Grosso (centre ouest).