Les vacances sont terminées pour Emmanuel Macron. Le chef d’Etat français se prépare à accueillir le président Vladimir Poutine au fort de Brégançon pour une réunion de travail consacrée aux conflits et négociations internationales en cours.
Cinq jours avant le début du G7, la grande messe diplomatique organisée à Biarritz du 24 au 26 août prochain, cette «visite de travail» franco-russe n’intervient pas au hasard. Disposant cette année de la présidence du groupe, la France recevra en effet les chefs d’Etat britannique, allemand, italien, américain canadien et japonais quelques jours plus tard alors que les sujets de tensions diplomatiques s’accumulent entre les puissances.
Cette rencontre bilatérale - la dernière en France remonte à mai 2017, au château de Versailles - doit permettre au président français de mieux cerner l'état d'esprit actuel de son homologue russe, et ainsi avoir toutes les cartes en main pour amorcer le dialogue.
«Je considère que, dans le cadre de la présidence du G7, il est indispensable que nous puissions prendre cette initiative» avec la Russie afin d'«explorer toutes les formes de coopération sur les grands sujets de déstabilisation ou de conflit, sans naïveté, mais sans que la porte ne soit fermée», a expliqué Emmanuel Macron.
La Russie est en effet hors du G7 depuis 2014. Au terme du conflit entre Ukrainiens et séparatistes pro-russes, l’annexion de la Crimée par la Russie avait signé l’exclusion de Moscou du groupe diplomatique.
L'accord iranien en sursis
D’abord, le président français, compte bien amener le dossier de l’Iran sur la table. Depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, qui vise à empêcher la fabrication d’une bombe atomique par Téhéran en échange d’une levée progressive des sanctions, la France tente de figurer parmi les médiateurs de la crise.
La France espère ainsi qu’au terme de cet échange, la Russie pourra peser de son influence et encourager les autorités iraniennes à mettre un terme à l’escalade de tension. Forte de ses provocations militaires dans le détroit d’Ormuz, l’Iran a en effet annoncé avoir dépassé la limite de son stock d’uranium faiblement enrichi imposé par l'accord, comme l’a confirmé l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA).
Offensive périlleuse en Syrie
Dossier majeur de l’agenda diplomatique franco-russe, le conflit syrien devrait également faire partie des discussions. La France espère convaincre la Russie de stopper l’offensive du régime syrien contre la province d’Idleb, cible depuis fin avril de bombardements quasi quotidiens du régime et de son allié russe.
Depuis le début de l'escalade militaire, plus de 820 civils ont péri dans les bombardements, d'après l'OSDH. Et plus de 400.000 personnes ont été déplacées, selon l'ONU qui dit craindre une «catastrophe» humanitaire.
Le dialogue réclamé en Ukraine
Autre point de crispation entre Paris et Moscou : l'Ukraine. Face aux gestes d'apaisement du président Volodymyr Zelensky sur la crise des régions séparatistes pro-russes de l'Est, la France encourage vivement Vladimir Poutine à entamer le dialogue avec son homologue ukrainien et faire cesser l'escalade des combats.
La Russie est également attendue sur la libération des 24 marins ukrainiens détenus depuis novembre comme prisonniers politiques, le retrait des passeports russes donnés dans les régions séparatistes et sur l'arrêt des tirs d'armes lourdes.
L'opposition russe menacée
Si le président français est toujours monté au créneau dès que les droits humains étaient menacés en Russie, il ne devrait pas manquer cette fois-ci d’aborder la répression violente des dernières manifestations à Moscou. La capitale russe est en effet le lieu depuis plusieurs semaines de vives protestations dénonçant la disqualification de l’opposition politique aux prochaines élections municipales de septembre.