Afin de démystifier l’idéologie islamiste de Daesh et de juger réellement les jihadistes pour leurs crimes, le chef des enquêteurs de l’Onu, Karim Khan, souhaite l’organisation d’un procès à la «Nuremberg» contre le groupe terroriste.
Tandis qu’il parcourt l’Irak avec 80 personnes pour accumuler les preuves et les témoignages des crimes commis par les membres de Daesh, (l’Onu a commencé à analyser 12 000 corps de victimes potentielles, 600 000 vidéos de crimes ou encore 15 000 pages de documents), l’avocat britannique défend en parallèle l’importance d’organiser un procès de très grande ampleur. Comme ce qu’il s’était passé à Nuremberg pour le nazisme.
Cet immense procès, où 24 des principaux responsables du IIIe Reich avait été jugé du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 pour crimes contre l'humanité, crimes contre la paix et crimes de guerre, avait permis de montrer la cruauté du nazisme, concernant notamment l’extermination systématique de six millions de juifs.
d'abord, juger réellement les crimes des jihadistes
L’objectif serait double, selon Karim Khan. D’abord, un tel tribunal permettrait de juger réellement les crimes jihadistes. En effet, actuellement, lors des procès ayant lieu en Irak, un seul chef d’accusation existe, celui d’appartenance à Daesh. Aucune victime n’est présente et aucun détail sur les crimes (potentiels) des hommes jugés n’est présenté. Or, pour lui, seuls des procès où les témoignages et les preuves seraient exposés permettraient une prise de conscience globale.
«Qui pensait voir au 21e siècle des crucifixions, un homme brûlé vif dans une cage (…), des esclaves sexuels, des hommes jetés des toits, des décapitations ?», énumère l’enquêteur en chef de l’Onu. Des actes ignobles, perpétrés au nom d’une idéologie. De quoi, selon lui, rapprocher Daesh du nazisme. Et juger ses responsables de la même manière.
ensuite, démystifier l'idéologie islamiste
La «démystification» de cette idéologie islamiste serait le second objectif d’un tel procès. Toujours en faisant le parallèle avec celle du IIIe Reich, Karim Khan estime que l’épisode Nuremberg a «séparé le poison du fascisme du peuple allemand», et «peut contribuer à séparer le poison de Daesh de la communauté sunnite irakienne (le groupe terroriste se revendique sunnite)».
Il s’explique en indiquant qu’après Nuremberg, «plus personne ne pouvait embrasser les principes de Mein Kampf (le livre écrit par Adolf Hitler) et être pris au sérieux, les signaux d’alarme de la conscience collective se sont activés». Ainsi, un procès équivalent permettrait de faire de même avec Daesh, en Irak et «d’autres parties du monde où des communautés peuvent être vulnérables à la propagande» des jihadistes. «Cette idéologie sera démystifiée et le public (…) pourra réaliser une vérité évidente : il s’agit de l’Etat le moins islamique qui ait existé».
En attendant, les enquêteurs de l’Onu poursuivent leur collaboration avec le gouvernement irakien, afin d'établir s'il y a eu crimes contre l'humanité, crimes de guerre ou génocide de la part de Daesh.