On la croyait partie pour de bon, tout juste reléguée dans de vieux romans et les livres d'histoire. Mais la syphilis, une infection bactérienne qui faisait des ravages jusqu’au milieu du 20e siècle, connaît actuellement une recrudescence sans précédent en Europe.
Selon un récent rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), après avoir diminué entre 2007 et 2010, le nombre de cas enregistrés chaque année est en effet reparti à la hausse pour atteindre les 33.000 en 2017. C'est 70% de plus par rapport aux chiffres de 2010.
Une explosion qui fait que désormais, et pour la première fois depuis le début des années 2000, les pays européens enregistrent plus de cas de syphilis que de VIH.
Les homosexuels sont les plus touchés
En première ligne, les hommes homosexuels chez qui la progression est la plus forte. Cette population représente en effet 62% des nouveaux cas, contre 23 % chez les hommes hétérosexuels et 15 % chez les femmes hétérosexuelles.
#Germany and #Britain among countries where cases of #Syphilis more than doubled over the past decade, reports @ECDC_EU
Trend partly driven by reduced fear of #HIV leading to risky sexual behaviourhttps://t.co/5yQwxBZg26— Paul Belcher (@PaulJBelcher) July 13, 2019
Les pays les plus atteints par la maladie sont l'Islande, l'Allemagne, l'Irlande, Malte et l'Angleterre. En France, le nombre de nouveaux cas reste élevé (1748 recensés en 2017) mais relativement stable, selon les dernières données de Santé Publique France.
Connue autrefois comme le mal de Naples», la «grande vérole» ou le «mal Français» - chaque pays européen s'accusant mutuellement d'avoir «importé» la maladie - la syphilis trouve son origine dans une bactérie : Treponema Pallidum.
Une maladie sournoise
La maladie, particulièrement sournoise, se manifeste quant à elle par des symptômes très variables.
Ainsi, si certaines personnes développent des lésions et des ulcères typiques au niveau des organes génitaux et de la bouche, parfois accompagnés de fièvres, d'autres, en revanche, n'en présentent aucun sur une très longue période, ce qui a aussi valu à la syphilis un autre surnom : celui de «grande simulatrice».
Repérée assez tôt, elle se traite pourtant facilement à l'aide d'antibiotiques. Mais si elle n'est pas soignée convenablement et rapidement, elle peut s'avérer mortelle.
Classée comme MST, elle ne se propage pourtant pas uniquement lors d’un rapport non protégé avec une personne infectée (fellation, pénétration anale ou vaginale).
Une simple bise peut suffire
En effet, les plaies à la bouche étant des vecteurs particulièrement puissants, une simple bise peut aussi parfois transmettre la bactérie.
A telle enseigne que, comme le souligne Sciences et Avenir, il existait jadis un secteur d'activité où la syphilis était même classée comme maladie professionnelle : celui du soufflage de verre. Les ouvriers, buvant dans la même bouteille au goulot et se passant de bouche en bouche les cannes de soufflage véhiculaient en effet très souvent la bactérie.