Accusée d'aide à l'immigration clandestine, la capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3, Carola Rackete, sera jugée ce jeudi 18 juillet par le tribunal d'Agrigente, en Sicile (Italie). L'Allemande de 31 ans avait été arrêtée fin juin pour avoir accosté de force à Lampedusa, dans le but de faire débarquer 40 migrants.
Pour ce chef d'accusation, celle qui a été surnommée «Capitaine courage» ou encore «Capitaine Europe» risque une amende de 50 000 euros, la saisie de son bateau ainsi qu'entre cinq et quinze ans de prison. Elle est également sous le coup d'une autre enquête, pour résistance à un officier, passible de dix années d'emprisonnement. Lors de son passage en force, elle a en effet obligé une vedette de la police, chargée d'empêcher le Sea-Watch d'accoster, à s'éloigner sous peine d'être écrasée contre le quai.
Après cette manoeuvre, dénoncée par le ministre de l'Intérieur italien d'extrême droite Matteo Salvini comme étant «un acte de guerre», elle avait finalement été déclarée libre début juillet par une juge italienne, et donc vu son assignation à résidence être levée. Cette dernière a indiqué aux médias italiens que le décret-loi sur la sécurité de Matteo Salvini, destiné à lutter contre les navires d'ONG et entré en vigueur mi-juin, n’était «pas applicable aux actions de sauvetage».
menacée d'expulsion vers l'Allemagne
Malgré les poursuites engagées contre elles, Carola Rackete compte bien reprendre les sauvetages de migrants en mer. «Le navire est actuellement confisqué pour la collecte de preuves. Dès que possible après cette deuxième audience [ce jeudi 18 juillet], nous demanderons la levée de l’immobilisation du navire, et nous espérons pouvoir repartir en mission très bientôt», a-t-elle affirmé à L'Obs la semaine dernière.
Une volonté que Matteo Salvini veut à tout prix contrecarrer. Après la libération de la jeune capitaine début juillet, le patron de la Ligue a annoncé qu'elle allait faire l'objet d'une mesure d'expulsion vers l'Allemagne, car elle est «dangereuse pour la sécurité nationale». Mais cette mesure d'éloignement du territoire italien, avec accompagnement à la frontière, doit encore être confirmée par les autorités judiciaires, a-t-il précisé.