Malte a annoncé dimanche que ses forces armées allaient acheminer dans un port maltais les 65 migrants se trouvant à bord de l'Alan Kurdi, un navire d'une ONG allemande, précisant que les étrangers seront tous immédiatement répartis entre différents pays européens.
Le Premier ministre maltais Joseph Muscat, qui a eu des discussions dimanche avec la Commission européenne et le gouvernement allemand, a précisé qu'aucun de ces migrants ne resterait dans son pays «étant donné que ce cas n'était pas de la responsabilité des autorités maltaises». Un navire humanitaire d'une ONG allemande, l'Alan Kurdi, avec 65 migrants à son bord, était positionné dimanche après-midi au sud-est de Malte après avoir renoncé à accoster en Italie et réclamait un port sûr en décrivant les malaises de ses passagers.
Les autorités de La Valette avaient interdit dimanche matin l'entrée dans les eaux territoriales maltaises du navire de l'ONG allemande Sea-Eye, a indiqué un porte-parole des forces armées de Malte.
Dimanche en milieu d'après-midi, le vaisseau allemand des années 50 naviguait au sud-est de l'île de Malte, selon un site de localisation par satellite.
L'ONG allemande avait indiqué dans un tweet que trois personnes à bord était terrassées par la chaleur. «Nous avons besoin urgemment d'assistance médicale et d'un port sûr, pour éviter le pire», écrit-elle.
A Lampedusa, petite île au sud de la Sicile, proche de la Libye, d'importantes forces de police avaient attendu samedi soir sur le quai l'Alex, un voilier affrété par le collectif italien de gauche et d'extrême gauche Mediterranea, qui avait défié l'interdiction d'accoster du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.
L'Alex, qui avait accosté de force, avait finalement pu débarquer une quarantaine de migrants dimanche au petit matin.
Arrivée en force à Lampedusa
Le voilier avait été provisoirement saisi et son capitaine, Tommaso Stella, fait l'objet d'une enquête pour soupçon d'aide à l'immigration clandestine, ainsi que pour désobéissance, résistance ou violence à l'encontre de navires militaires, selon la porte-parole de Mediterranea, Alessandra Sciurba.
Un décret-loi italien adopté en juin prévoit des amendes jusqu'à 50.000 euros contre le capitaine, le propriétaire et l'armateur d'un navire qui entrerait sans autorisation dans les eaux italiennes.
«Nous avons deux navires sous séquestre, l'amende du décret à payer en plus des frais légaux. (...) Nous avons besoin d'une aide énorme, car nous n'avons certainement aucune intention de nous arrêter», avait déclaré dimanche à Lampedusa Alessandra Sciurba devant la presse.
Pour l'organisation humanitaire, le voilier, conçu pour 18 passagers, n'était aucunement en mesure de rejoindre Malte sans mettre ses passagers en danger.
Mais le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini avait estimé dimanche que l'embarcation «n'avait aucun problème» pour naviguer vers Malte.
Pour l'Alex, il avait en effet conclu avec Malte un accord pour faire débarquer les migrants en échange du transfert vers l'Italie d'un nombre équivalent de migrants accueillis précédemment par La Valette.
L'Alex avait été rejoint samedi par l'Alan Kurdi (du nom du petit Syrien retrouvé noyé en Turquie en 2015) dans les eaux internationales au large de Lampedusa et comptait lui aussi débarquer ses occupants dans le port italien. Mais il a finalement mis le cap vers Malte.
Le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer avait tweeté samedi que l'Allemagne était prête à accueillir certains migrants recueillis par ces bateaux «dans le cadre d'une solution européenne de solidarité».
Matteo Salvini, l'homme fort du gouvernement populiste au pouvoir en Italie depuis 13 mois, accuse les ONG d'aider les passeurs. La fermeture des ports est approuvée par 59% des Italiens, selon un sondage paru samedi.
Débarquements sans les ONG
La semaine dernière, les autorités italiennes avaient saisi à Lampedusa un navire d'une ONG allemande, le Sea-Watch 3, et arrêté sa capitaine, Carola Rackete, qui avait accosté de force pour débarquer 40 migrants secourus en mer.
Une juge italienne a invalidé mardi l'arrestation de la capitaine au motif qu'elle avait agi pour sauver des vies, mais la jeune allemande est toujours visée par deux enquêtes, pour résistance à un officier et pour aide à l'immigration clandestine.
Pendant que l'attention médiatique s'est focalisée sur les bras de fer entre ces ONG et Matteo Salvini, concernant environ 150 migrants, il sont plus de 500 autres étrangers à avoir débarqué depuis deux semaines sans encombre sur les côtes italiennes grâce à des bateaux suffisamment solides, révèlent des statistiques officielles.
Un voilier transportant 83 Pakistanais a accosté samedi soir à Taranto, dans les Pouilles (sud de l'Italie), en provenance de Turquie. Un autre navire avec 73 Pakistanais est arrivé dans la région début juin.
Voici quelques jours, une embarcation de 55 migrants a accosté à Lampedusa, rapporte aussi la presse. Beaucoup de petites barques et voiliers de Tunisie arrivent régulièrement en Sicile et en Sardaigne.