Après s'être imaginée présidente, Elizabeth Warren prête à accepter un second rôle ? Un temps leader des sondages dans la course à l'investiture démocrate, la sénatrice fait désormais campagne pour Joe Biden, contre Donald Trump. Si elle n'est pas la favorite numéro 1, sa popularité pourrait l'emmener vers un potentiel poste de vice-présidente.
À 71 ans, elle est ainsi devenu l'un des visage de l'aile gauche du parti démocrate américain, et avait déjà été pressentie pour être la colistière d'Hillary Clinton en 2016. À cette période, elle pensait d'ailleurs se présenter, mais ne voulait pas se mettre sur le chemin de celle qu'elle considère comme son amie.
Universitaire réputée
Née à la fin des années 1940 dans une famille modeste de l’Oklahoma, Elizabeth Warren a une longue et prestigieuse carrière derrière elle. Mariée très jeune à son amour de lycée, puis mère de deux enfants, elle reprend des études à 23 ans et devient professeur de droit. Malgré son divorce, elle décide de conserver son nom de famille.
New Jersey, Texas, Michigan, Pennsylvanie : la jeune universitaire multiplie les postes aux quatre coins du pays avant de rejoindre Harvard à la fin des années 1990, où elle devient l'un des professeurs de droit les plus cités des États-Unis.
Pourfendeuse de Wall street
En 2008, alors que Washington tente de survivre à la crise financière, elle est appelée par le Congrès pour surveiller la mise en place du plan Paulson, destiné à sauver les banques américaines de la faillite.
Son bagage académique, sa spécialisation en droit du commerce et son combat contre le surendettement lui valent d'être considérée par le Times comme l'une des «nouvelles shérifs de Wall Street». Elle a d'ailleurs été trois fois désignée par le prestigieux magazine américain comme l'une des 100 personnes les plus influentes au monde.
Mais Elizabeth Warren le répète : elle n'est pas anticapitaliste. Elle croit en l'économie de marché, certes, mais avec un marché régulé par l'Etat, ce qui n'est pas incompatible selon elle. Si elle n'en parle pas souvent, la sénatrice a d'ailleurs été une électrice républicaine une partie de sa vie. Elle a quitté le parti en 1996, à son arrivée à Harvard.
A 61 ans, elle est même choisie par le président Barack Obama pour créer l’Agence de protection financière des consommateurs. Ainsi propulsée sur le devant de la scène politique, elle est élue sénatrice du Massachusetts en 2013, raflant le siège aux Républicains et devenant la première femme à ce poste dans cet Etat.
Depuis le début de sa jeune carrière en politique, elle se présente comme la porte-parole d’une classe moyenne «matraquée, oppressée et réduite en morceaux depuis plusieurs générations». Elle est également une militante reconnue pour les droits des femmes - elle faisait partie des voix critiques de la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême - et des personnes LGBTQ+.
Défaite face à Biden et Sanders
Sa campagne, qui a suscité un engouement certain, s'est finalement effrité à mesure que les premiers caucus et scrutin se sont avancés. Bernie Sanders a réussi à rassembler derrière lui l'aile gauche du parti, ce qui a mis fin au rêve présidentiel d'Elizabeth Warren. Si elle a largement critiqué le programme modéré de Joe Biden, elle fait depuis campagne pour lui, et continue d'expliquer qu'il faut battre Donald Trump.
À l'aise en interview et dans les débats, populaire chez la jeune génération, elle possède beaucoup de qualités souhaitées par le candidat pour sa vice-présidente. Mais la septuagénaire semble néanmoins vulnérable face à la machine Trump. Elizabeth Warren est en effet l'une des cibles favorites du président américain. Sur les réseaux sociaux, il l'accuse régulièrement d'avoir menti sur ses origines pour faire avancer sa carrière en se présentant comme issue d'une minorité et l'affuble ainsi du surnom «Pocahontas» .
Piquée par ses tweets, elle avait publié sur son site internet un test ADN dont les résultats faisaient état d'une «existence d'ancêtres amérindiens», «remontant à une période comprise entre six et dix générations». Elle s'était cependant excusée pour le «mal» qu'elle avait causé. Nul doute que si elle venait a être choisie par Joe Biden, les républicains utiliseraient largement cet épisode pour la discréditer auprès de l'opinion publique.