Au moins 57 manifestants, dont l'opposant au Kremlin Alexeï Navalny, ont été arrêtés mercredi lors d'une marche à Moscou en soutien au journaliste Ivan Golounov, injustement accusé de trafic de drogue avant d'être disculpé et libéré mardi.
«Alexeï Navalny vient d'être arrêté», a indiqué sur Twitter Kira Iarmych, la porte-parole de l'opposant, qui a fait l'objet de nombreuses procédures judiciaires et détentions ces dernières années.
L'organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, a rapporté l'interpellation d'au moins 57 manifestants lors de cette marche destinée à dénoncer les agissements de la police dans cette affaire, qui a provoqué une mobilisation quasi sans précédent de la société civile.
Près d'un millier de personnes se sont rassemblées dans le centre de Moscou et une centaine dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg, ont constaté des journalistes de l'AFP.
«Ce qui s'est passé avec Ivan Golounov arrive tous les jours dans tout le pays. Il y a des tonnes de (fausses) histoires de drogue comme ça. Nous avons eu de la chance qu'il ait été libéré mais ce n'est qu'une petite victoire. La guerre n'est pas gagnée», a déclaré à l'AFP Egor, un manifestant de 15 ans portant un t-shirt avec le slogan «Je suis Ivan Golounov».
«Je suis venue car il y a encore beaucoup de personnes qui sont détenues de manière injuste. Il y a beaucoup d'affaires injustes», a abondé Lioudmila, une ingénieure à la retraire de 83 ans.
Arrêté jeudi à Moscou par des policiers qui affirmaient avoir découvert dans son sac à dos puis dans son appartement d'importantes quantités de drogue, Ivan Golounov avait été assigné à résidence samedi avant d'être disculpé et libéré mardi - un recul rarissime des autorités.
Le reporter de 36 ans, qui travaille pour le site d'information indépendant Meduza, a dit espérer que la lumière soit faite sur ce qu'il s'est passé et assuré qu'il continuerait à mener des enquêtes sur la corruption des élites et les malversations des structures mafieuses.
Une enquête a été ouverte sur les agissements des policiers ayant interpellé Ivan Golounov, qui ont été suspendus de leurs fonctions le temps des investigations, tandis que deux responsables de haut rang de la police moscovite seront limogés.
Il s'agit d'un dénouement pratiquement sans précédent en Russie, où les services de sécurité et la police sont souvent accusés de monter des affaires de drogue de toutes pièces pour se débarrasser des voix critiques ou simplement pour remplir leurs quotas mensuels d'arrestations.