L'opposant russe Alexeï Navalny a indiqué avoir pu sortir du territoire russe mercredi, après avoir été bloqué la veille à la frontière, pour se rendre à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de Strasbourg.
«Ils m'ont empêché illégalement de partir. Après un scandale, ils m'ont laissé» partir, a-t-il affirmé dans un message sur Instagram assorti d'un selfie dans la cabine des gardes-frontières d'un aéroport moscovite.
«Il a décollé», a précisé ensuite à l'AFP son avocat Ivan Jdanov.
Mardi, l'opposant avait été bloqué au contrôle des passeports dans un aéroport de Moscou alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol pour Francfort en vue de rejoindre Strasbourg.
La CEDH doit s'y prononcer jeudi sur plusieurs requêtes de l'opposant, qui demande aux 17 juges européens composant la Grande chambre de reconnaître les «motivations politiques» de ses arrestations à répétition.
Le service fédéral des huissiers de justice, qui a le pouvoir en Russie d'appliquer des interdictions de sortie du territoire, avait expliqué sa décision par une amende impayée, que l'opposant a réglée dans la journée.
M. Navalny a indiqué qu'il allait poursuivre en justice le service fédéral des huissiers et demander un remboursement des frais occasionnés par cette interdiction.
Militant anticorruption de 42 ans, avocat de formation, Alexeï Navalny a écopé de multiples condamnations à des amendes ou de courtes peines de détention ces dernières années.
Se disant victime «d'arrestations illégales» et de «privations de liberté arbitraires», il a dénoncé en vain ces arrestations devant les juridictions russes avant de saisir la Cour de Strasbourg, introduisant cinq requêtes entre 2012 et 2014.
Entre 2013 et 2017, M. Navalny ne pouvait pas se rendre à l'étranger car les autorités russes refusaient de lui fournir un passeport à cause des poursuites judiciaires le visant à l'époque.
Il avait finalement reçu un passeport et été autorisé à quitter la Russie en mai 2017 pour se faire soigner en Espagne d'une brûlure à l'oeil reçue lors d'une agression à Moscou.
Principale figure de l'opposition russe, M. Navalny avait été déclaré inéligible à la présidentielle de mars à cause de sa condamnation en 2013 dans une affaire de détournement de fonds, une accusation ourdie selon lui pour l'exclure de la scène politique.