Le Soudan connaît des manifestations anti-gouvernementales depuis près de six mois, alors que l'on dénombre déjà plusieurs dizaines de morts, et que la communauté internationale appelle au calme.
Au début, des manifestations contre l'augmentation du prix du pain
Ces manifestations ont débuté le 19 décembre 2018, alors que le gouvernement décide de multiplier par trois le prix du pain. Une décision qui a ravivé les tensions, alors que cette denrée était déjà en pénurie depuis plusieurs semaines.
Les revendications ont évolué avec la poursuite du mouvement, pour notamment demander la démission d'Omar el-Béchir, l'actuel président du pays. Les protestataires se massaient alors devant le quartier général de l'armée à Khartoum, afin d'appeler les militaires à rejoindre le mouvement contre le gouvernement du pays. Contrairement aux forces de sécurité, l'armée ne participait pas, à ce moment-là, aux répressions.
Un président déchu, visé par un mandat d'arrêt de la CPI
Omar el-Béchir était au pouvoir depuis 30 ans au Soudan, après avoir réussi un coup d'État en 1989. Une réforme de la Constitution était même sur le point d'aboutir, lui permettant de rester en place à vie. Quelques mois après le début de la contestation, il est finalement déchu par l'armée, qui prend le pouvoir de manière unilatérale.
Cet ancien combattant de l'armée égyptienne reste visé par un mandat d'arrêt de la CPI après le génocide au Darfour, région de l'ouest du Soudan. Plus de 300 000 personnes ont été tuées par des milices islamistes armées, notamment appuyées par des bombardements aériens de Khartoum, dans un contexte de guerre civile. D'abord accusé de crimes de guerre par la CPI, il faut attendre 2008 pour que les crimes de génocide ne lui soient imputés. Omar el-Béchir risque donc l'extradition en cas de voyages en dehors des frontières soudanaises. Mais actuellement emprisonné au Soudan, il y a peu de chances que cela n'arrive dans le court terme.
Une répression qui inquiète la communauté internationale
Prudente lors du début des manifestations, la communauté internationale a commencé à réagir alors que le nombre de morts grimpait progressivement. Mais après l'annonce des 35 morts dans la répression militaire d'un sit-in devant le QG de l'armée le 6 juin, il n'a pas fallu attendre longtemps pour que l'ONU ou des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni condamnent ces violences.
Régulièrement, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelle les deux partis à reprendre les négociations, alors que tout contact semble rompu après les grèves générales et le «nettoyage» sanglant du sit-in. Londres et Berlin ont d'ailleurs demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.