Le président américain Donald Trump sera au Royaume-Uni à partir de ce lundi 3 juin, pour une visite d'Etat de trois jours. Un déplacement sur fond de Brexit et de départ de la Première ministre britannique Theresa May, dans une atmosphère tendue.
Brexit, Huawei, climat... DE nombreux dossiers chauds
Entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, les sujets de tensions me manquent pas. Ils devraient être largement abordés durant cette visite d'Etat de Donald Trump au Royaume-Uni, lors de laquelle il rencontrera notamment la reine d'Angleterre Elizabeth II et la Première ministre britannique Theresa May.
Le premier de ces dossiers est bien évidemment le Brexit. Après avoir largement commenté par le passé la façon dont se passaient les négociations entre Londres et Bruxelles - critiquant notamment l'accord trouvé par Theresa May en novembre dernier -, le président américain a remis une pièce dans la machine ce dimanche 2 juin.
Dans une interview accordée au Sunday Times, il a en effet recommandé au Royaume-Uni de sortir de l'UE sans accord s'il n'obtient pas satisfaction à ses demandes, et de ne pas payer la facture de divorce, estimée entre 40 et 45 milliards d'euros par le gouvernement britannique. Le locataire de la Maison Blanche a également conseillé à Londres d'impliquer dans les négociations avec Bruxelles Nigel Farage, leader du Parti du Brexit, une formation europhobe arrivée en tête aux élections européennes outre-Manche.
Parmi les sujets épineux au menu de cette visite figure également le dossier Huawei. Dans une interview publiée samedi 1er juin, Donald Trump a en effet demandé au Royaume-Uni d'être «très prudent» quant à l'implication du géant chinois des télécoms dans le développement du réseau 5G sur son territoire.
Soupçonné d'espionnage pour le compte du pouvoir chinois, Huawei est sous le coup de sanctions américaines, alors que des fuites dans la presse début mai - qui ont entraîné le limogeage du ministre de la Défense britannique - ont révélé que Theresa May souhaitait autoriser l'entreprise à participer de manière limitée au déploiement de la 5G au Royaume-Uni, malgré les avertissements des Etats-Unis.
Le climat sera également au coeur de la visite de Donald Trump outre-Manche, puisqu'une rencontre est prévue entre le chef d'Etat américain et le prince Charles, connu pour ses positions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Les discussions promettent d'être animées, Donald Trump ayant décidé en juin 2017 de retirer son pays de l'accord de Paris sur le climat de 2015, qui prévoit des engagements en faveur de la réduction des émissions de CO2 pour les pays signataires. «On en discutera. Je peux dire que nous avons parmi le climat le plus propre du monde en ce moment», a affirmé le président américain au tabloïd britannique The Sun samedi 1er juin.
La dernière de Theresa May
Ce déplacement de Donald Trump au Royaume-Uni sera symbolique pour Theresa May, puisque ce sera sa dernière réception d'un chef d'Etat étranger, avant sa démission, prévue vendredi 7 juin prochain. La locataire du 10 Downing Street a en effet été contrainte de l'annoncer le 24 mai dernier, acculée sur le dossier du Brexit, qu'elle a échoué à mettre en oeuvre.
Pas sûr cependant que Theresa May soit enchantée d'avoir comme dernier invité Donald Trump, lui qui depuis l'an dernier multiplie les piques contre la Première ministre et sa façon de mener les négociations sur le Brexit. Le président républicain n'a pas non plus hésité à soutenir publiquement Boris Johnson, l'un des principaux opposants à Theresa May au sein de son parti conservateur et favori à sa succession, qui ferait selon lui un «excellent» Premier ministre, a-t-il déclaré dans The Sun samedi 1er juin.
Des compliments qu'il a également adressés à l'europhobe Nigel Farage, leader du Parti du Brexit et autre grand critique de Theresa May. En effet, pour Donald Trump, Boris Johnson et Nigel Farage sont «deux très bons gars, des personnes très intéressantes». Comble de l'humiliation pour la Première ministre britannique, il se dit même que le président américain pourrait rencontrer les deux hommes mardi soir, lors d'un banquet organisé dans la résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis à Londres.
Un accueil glacial
Les opposants britanniques de Donald Trump veulent lui montrer qu'il n'est pas le bienvenu dans leur pays. Ainsi, des manifestations seront organisées durant les trois jours du séjour du président américain, à l'instar de ce qu'il s'était passé l'an dernier, lors de la première visite de Donald Trump outre-Manche, où environ 250 000 personnes avaient marché dans les rues de Londres.
Cette fois-ci, une première manifestation est prévue ce lundi 3 juin dans la soirée, devant Buckingham Palace, à Londres, pendant le banquet d'Etat présidé par la reine Elizabeth II. Puis, une autre marche - la principale - doit avoir lieu mardi 4 juin de Trafalgar Square à Parliament Square, toujours à Londres. Les organisateurs espèrent qu'elle sera de la même ampleur qu'en 2018 (250 000 personnes dans la rue), grâce à des autocars qui amèneront dans la capitale anglaise des manifestants d'une quinzaine de villes britanniques (Oxford, Belfast, Edimbourg...).
Enfin, le mercredi 5 juin, les anti-Trump prévoient de suivre le président américain jusqu'à Portsmouth, dans le sud de l'Angleterre, où celui-ci doit assister aux commémorations du 75e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 1944, en présence de nombreux autres chefs d'Etat (avant de se rendre en Normandie le jeudi 6 juin pour une autre cérémonie, en présence d'Emmanuel Macron).
Ce climat de défiance vis-à-vis de Donald Trump se retrouve également chez les responsables politiques du pays. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a comparé samedi 1er juin le langage utilisé par Donald Trump pour mobiliser ses partisans à celui des «fascistes du XXe siècle», dans une tribune publiée dans The Observer. De son côté, le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn fait partie des nombreux politiques à avoir décidé de boycotter le banquet d'Etat de ce lundi soir, à l'instar du leader des Libéraux-démocrates Vince Cable ou du speaker de la Chambre des communes John Bercow.
Même Meghan Markle, l'épouse américaine du prince Harry, s'est arrangée selon les médias britanniques pour ne pas avoir à rencontrer Donald Trump, arguant qu'elle devait rester chez elle pour s'occuper de son nouveau-né Archie. L'ex-actrice avait critiqué le magnat de l'immobilier lors de la campagne présidentielle de 2016, l'accusant d'être «misogyne» et «conflictuel». «Je ne savais pas qu'elle était méchante», a déclaré Donald Trump au Sun samedi 1er juin, une affirmation que l'intéressé a ensuite nié avoir prononcé.
I never called Meghan Markle “nasty.” Made up by the Fake News Media, and they got caught cold! Will @CNN, @nytimes and others apologize? Doubt it!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 juin 2019