L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère désormais l'addiction aux jeux vidéo et les troubles qui y sont associés («gaming disorder», en anglais) comme une maladie.
La nouvelle a été officialisée ce lundi 26 mai par les 194 membres de l'organisation, malgré une forte opposition de certains scientifiques. L'ESA, Entertainment software association, qui rassemble la voix des acteurs du secteur a contesté cette décision, par le biais d'un communiqué. Une position partagée en France, par le SELL, syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, qui considère cette décision de l'OMS comme «injustifiée». «L’industrie du jeu vidéo apporte une contribution importante à la société et à l’économie mais, surtout, prend sa responsabilité envers les joueurs très sérieusement, et particulièrement pour les mineurs», rappelle le SELL.
L'OMS définit ce trouble comme «un comportement lié à la pratique des jeux vidéo ou des jeux numériques, qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables. Pour que ce trouble soit diagnostiqué en tant que tel, le comportement doit être d’une sévérité suffisante pour entraîner une altération non négligeable des activités personnelles, familiales, sociales, éducatives, professionnelles ou d’autres domaines importants du fonctionnement, et en principe, se manifester clairement sur une période d’au moins 12 mois.»
Un premier vote avait été décidé en juin 2018. «Les conclusions de publications scientifiques, les besoins ainsi que les demandes de traitements dans de nombreuses régions du monde, et les recommandations de notre groupe de scientifiques nous ont menés à ajouter les troubles liés au 'gaming' à la classification internationale des maladies (CIM-11)», avait alors déclaré Shekhar Saxena, directeur du département Santé mentale et abus de substances actives.
World Health Organization: compulsive video-game playing now qualifies as a new mental health condition. https://t.co/h1k5XgtGi6
— AP Business News (@APBusiness) 18 juin 2018
Et d'ajouter : «Laissez-moi vous rappeler que les addictions liées aux paris font déjà partie de la CIM-10 Les troubles causés par l'addiction au jeux vidéo les ont donc complétées», a-t-il détaillé.
Le CIM est un système de classification international utilisé par tous les médecins du monde.
Il sert de base pour établir les tendances et les statistiques sanitaires, partout sur la planète, et contient environ 55.000 codes uniques pour les traumatismes, les maladies et les causes de décès, rappelle l'OMS.
UNE PETITE PARTIE DES JOUEURS CONCERNÉe
Telle une drogue, l'addiction aux jeux vidéo se traduit également par «la poursuite et l'augmentation de l'activité dans le jeu malgré l'apparition de conséquences négatives». Toutefois, celle-ci ne concerne qu'une «petite partie des personnes qui utilisent les jeux numériques ou les jeux vidéo», précise l'OMS. Enfin, un individu devra présenter ces caractéristiques pendant au moins un an pour être officiellement diagnostiqué comme étant atteint du «gaming disorder».