C'est l'un des débats les plus virulents en Argentine depuis plusieurs mois. Un projet de loi pour légaliser l'avortement sera présenté au Parlement le 28 mai 2019, près d'un an après la dernière tentative du camp «pro-choice» de faire évoluer la loi.
Depuis le précédent rejet par les sénateurs, de nombreuses manifestations de militants souhaitant la légalisation des IVG ont eu lieu dans les grandes villes argentines. C'est d'ailleurs dans les régions citadines que ces activistes sont les plus présents. Une représentation qui s'était ressentie dans le vote d'août 2018, rejetant l'avortement, qui ne reste autorisé qu'en cas de viol ou de danger pour la mère.
En effet, les sénateurs sont au nombre de trois par province, quelle que soit leur taille ou leur nombre d'habitants, contrairement au Parlement, qui prend la démographie en compte. Les provinces rurales, historiquement plus conservatrices, ont donc pu voter contre l'application d'une loi libérale sur le sujet (alors que le Parlement avait voté pour).
Un combat perdu d'avance ?
La composition du Sénat n'ayant pas été modifiée depuis le dernier scrutin, il est probable que le résultat soit le même, d'autant que les conservateurs mènent un rude combat dans le pays. Ainsi, en jouant sur les objections de conscience des médecins et en retardant les procédures, les anti-avortement ont par exemple forcé une fillette de 11 ans à donner naissance à un enfant provenant d'un viol perpétré par le compagnon de sa grand-mère. Le bébé est né par césarienne, prématuré de quatre mois.
Cette histoire a profondément choqué le pays, ainsi que le reste du monde, et les pro-avortement vont certainement utiliser cette histoire pour rallier plus d'élus à leur cause. Si jamais cela ne suffit pas, un député de la coalition gouvernementale, Daniel Lipovetzky (Cambiemos), avait évoqué l'éventualité d'un référendum. Le pays d'origine du pape risque donc de se polariser encore un peu plus sur la question, alors que le souverain pontife a réitéré le 25 mai son opposition à l'IVG.