Nouveau tournant dans la crise politique en Autriche. En effet, le chancelier Sebastian Kurz (ÖVP, Parti populaire d'Autriche) vient d'être démis de ses fonctions suite à la validation d'une motion de censure.
Le jeune politicien de 32 ans qui, il y a dix-huit mois, avait créé un gouvernement de coalition avec l'extrême droite (FPÖ, le Parti de la liberté d'Autriche), a été emporté par la vague de «l'Ibizagate». Un scandale qui a débuté lorsqu'une vidéo montrant un leader du FPÖ en pleine tentative de corruption a été diffusée.
De manière à garantir une enquête transparente, le chancelier s'était alors débarrassé de deux ministres d'extrême droite. Une décision qui n'est pas passée. En représailles, les autres ministres du parti ont donc déposé leur démission, faisant exploser la coalition tout en laissant cinq portefeuilles vacants.
Tous contre Kurz
Quelques heures avant la réunion au Parlement le 27 mai, le FPÖ a annoncé qu'il n'allai pas accorder sa confiance au chancelier. L'ex-ministre de l'Intérieur, Herbert Kickl, s'était d'ailleurs exprimé sur le sujet après son limogeage : «comment exiger la confiance de quelqu'un à qui l'on vient précisément de manifester sa défiance ?»
Les sociaux-démocrates du SPÖ (deuxième parti en termes de représentants au Parlement) ont longtemps hésité de leur côté. Démettre Sebastian Kurz est une décision lourde de sens, puisqu'elle exige de momentanément s'allier avec l'extrême droite. Mais une fois leur décision prise, le SPÖ et le FPÖ possédant près de deux tiers des représentants parlementaires en cumulé, Sebastian Kurz ne pouvait pas espérer sortir vainqueur de cette bataille. Il a cependant regretté juste avant le vote que «personne dans le pays ne pourra comprendre la volonté de renverser le gouvernement».
Et maintenant ?
Un gouvernement de transition devrait rapidement être mis en place. Aucun parti n'ayant de majorité absolue au Parlement, une coalition est obligatoire. Le chancelier sera certainement un conservateur, après la large victoire de ce camp aux élections européennes. Mais en prévision des législatives anticipées, qui auront lieu en septembre 2019, le gouvernement pourrait avant tout être composé d'experts plus que de politiciens. Une manière d'assurer une transition douce, mais surtout un retour au calme dans la vie politique autrichienne.