Le vote de la dernière chance ? Le gouvernement britannique a annoncé, mardi 14 mai, qu'un projet de loi sur le Brexit serait de nouveau présenté au Parlement dans «la semaine du 3 juin».
Cette date n'a pas été choisie au hasard. Si l'accord était approuvé début juin, cela permettrait au Royaume-Uni de pouvoir quitter l'Union européenne «avant la pause parlementaire de l'été», soit d'ici à fin juillet, a expliqué l'exécutif.
Mais les députés britanniques élus lors des européennes - qui se dérouleront le 23 mai outre-Manche - devraient tout de même, dans cette hypothèse, siéger au Parlement européen pendant au moins quelques semaines, la première session du nouvel hémicycle étant prévue le 2 juillet. Une situation ubuesque, que le gouvernement du royaume croyait pouvoir éviter. Il s'agit d'une nouvelle reculade pour l'exécutif, qui pensait également il y a quelques semaines pouvoir dispenser le pays d'une participation au scrutin européen, avant de finalement s'y résoudre.
Les conservateurs sanctionnés dans les urnes ?
Mais cet échec n'est rien comparé à celui qui se profile, dans les urnes, pour le Parti conservateur, qui devrait payer sa gestion catastrophique du Brexit, déjà reporté à deux reprises et maintenant fixé au 31 octobre au plus tard. D'après un sondage publié dimanche 12 mai dans le journal The Observer, la formation de la Première ministre Theresa May ne recueille que 11 % des intentions de vote pour les élections européennes, très loin derrière le Parti du Brexit de Nigel Farage (34 %) et le Parti travailliste (le Labour) de Jeremy Corbyn (21 %), et est même devancé par les Libéraux-démocrates (12 %).
Par ailleurs, les signaux relatifs au futur vote des députés sur l'accord de Brexit sont très mauvais. Les négociations entamées début avril entre Theresa May et Jeremy Corbyn, visant à trouver un compromis sur le Brexit qui obtiendrait l'aval des députés (après trois rejets consécutifs), patinent. Le Labour exige que le Royaume-Uni reste de façon permanente dans une union douanière avec l'UE après le Brexit, alors que la dirigeante conservatrice n'est prête à proposer un tel mécanisme que de façon temporaire, jusqu'aux prochaines élections générales outre-Manche, en 2022.
Des députés prêts à voter de nouveau contre l'accord
De plus, Nigel Dodds, leader du parti unioniste nord-irlandais DUP au Parlement, sur lequel compte Theresa May pour atteindre la majorité, a déjà prévenu qu'il était «fort probable» que l'accord de la Première ministre soit retoqué une nouvelle fois par les parlementaires, «à moins qu'elle ne puisse démontrer que quelque chose de nouveau résolve le problème du 'backstop'», ce mécanisme controversé qui vise à empêcher le retour d'une frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après le Brexit. Mais une refonte de ce dispositif n'est pas à l'ordre du jour, Theresa May et Jeremy Corbyn tentant plutôt de trouver une position commune sur la relation future de leur pays avec l'UE.
De son côté, Owen Paterson, un ancien ministre appartenant à l'European Research Group (ERG), qui regroupe les députés eurosceptiques du Parti conservateur, a déclaré ce mercredi 15 mai à la BBC que son groupe voterait contre l'accord de retrait de Theresa May. «Il est inacceptable que 27 pays nous imposent des lois pour lesquelles nous n'avons pas notre mot à dire», a-t-il justifié.
Quel que soit le résultat du vote, ce sera le dernier, selon les informations de la BBC. Le média britannique affirme en effet qu'en cas de quatrième rejet de l'accord de Theresa May, le gouvernement britannique n'aurait plus que deux options sur la table : une sortie sans accord (appelée «no deal») ou une révocation de l'article 50 du traité de Lisbonne, c'est-à-dire l'annulation du Brexit. En effet, d'après la BBC, les Britanniques pensent que l'UE ne leur offrira pas un nouveau report du divorce, déjà repoussé à deux reprises.