Téhéran a décidé de cesser d'appliquer «certains» de «ses engagements» pris dans le cadre de l'accord international sur son programme nucléaire de 2015, a indiqué mercredi le ministère des Affaires étrangères iranien dans un communiqué.
La décision a été notifiée officiellement en début de matinée, à Téhéran, aux ambassadeurs des pays encore parties à cet accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) après le retrait unilatéral des Etats-Unis de ce pacte il y a exactement un an, indique le ministère.
«Les mesures prises par les Etats-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant [...] leur retrait [de l'accord] avaient clairement pour but de causer une interruption de l'application» de cet accord, a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou.
L'Iran a fait preuve jusque-là de «patience», mais la République islamique juge désormais «approprié de cesser d'appliquer certains des engagements et mesures volontaires» qu'elle a prises dans le cadre de cet accord, a-t-il ajouté, dans des propos retransmis par la télévision d'Etat.
Néanmoins, a insisté M. Zarif, «l'Iran ne se retirera pas» de cet accord, et les mesures prises par Téhéran, d'une nature qui n'a pas été précisée, correspondent à un «droit» laissé aux parties à l'accord en cas de manquements par une autre partie.
Conclu à Vienne en juillet 2015, et validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l'accord sur le nucléaire iranien a permis à Téhéran d'obtenir une levée d'une partie des sanctions internationales visant le pays. En échange, l'Iran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire et s'est engagé à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique.
Climat de tensions avec les Etats-Unis
La sortie des Etats-Unis a entraîné le rétablissement des sanctions américaines que Washington avait suspendues en application de l'accord. Les Européens, la Chine et la Russie ont toutefois maintenu leur engagement dans cet accord.
L'annonce iranienne intervient dans un climat de tensions exacerbées avec les Etats-Unis. Le Pentagone a annoncé dépêcher plusieurs bombardiers B-52 dans la région du Golfe. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a fait mardi une visite surprise à Bagdad, affirmant disposer d'informations indiquant «une escalade des activités de l'Iran» qu'il a accusé de préparer des «attaques imminentes» contre les forces américaines dans la région.