La documentariste et philanthrope américaine Abigail Disney, petite-nièce de Walt Disney et héritière du géant mondial du divertissement, a suscité une certaine polémique en déclarant qu'elle trouvait «insensée» la rémunération de Bob Iger, l'actuel patron du groupe.
En poste depuis 2005, le PDG de Disney a en effet perçu, sur l'ensemble de l'année 2018, plus de 65 millions de dollars, soit 58 millions d'euros. Une rémunération totale en hausse de 80 % par rapport à l'année précédente et 1.424 fois supérieure au salaire médian en vigueur dans l'entreprise.
Pour Abigail Disney, connue pour ses prises de position engagées et progressistes, cette hausse n'est visiblement pas passée, comme elle l'a fait savoir le 19 avril dernier, lors d'une conférence organisée par Fast Company, un magazine d'affaires américain, consacrée au «capitalisme humain».
Selon la petite-fille de Roy Disney, co-fondateur de l'entreprise et frère du mythique Walt, en plus d'être «insensée», un tel niveau de rémunération des dirigeants a un «effet corrosif sur la société», autrement dit, elle l'a détruit lentement, précisant qu'avec cet argent, il aurait pu augmenter de 15 % tous les employés de Disneyland, et se verser tout de même 10 millions de dollars (8,8 millions d'euros).
Let me very clear. I like Bob Iger. I do NOT speak for my family but only for myself. Other than owning shares (not that many) I have no more say in what happens there than anyone else. But by any objective measure a pay ratio over a thousand is insane. https://t.co/O34OjXd6rr
— Abigail Disney (@abigaildisney) 21 avril 2019
Une rémunération indexée sur des profits record
Sur Twitter, Abigail Disney a depuis néanmoins salué le travail de Bob Iger, indiquant même que c'est un homme «bien». Cette rémunération «peut s'expliquer économiquement» puisqu'elle est indexée sur les profits, qui ont atteint des records. Disney a en effet engrangé 60 milliards de dollars de revenus (environ 53 milliards d'euros) l'an passé.
Visiblement décomplexée dans son rapport à l'argent, Abigail Disney s'était déjà fait remarquer il y a un an, en mars 2018, en critiquant vertement la réforme fiscale de Donald Trump votée quelques mois plus tôt et qui, selon ses propres termes, lui permettrait de transmettre 20 millions de dollars non imposables (environ 17 millions d'euros) à ses enfants, comme elle l'a expliqué dans une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux.
Interrogée à ce sujet par le quotidien suisse Le Temps, elle avait déclaré : «Je fais partie des 1 % de super riches qui bénéficieraient de la réforme et je pourrais donc égoïstement m’en satisfaire. Mais elle est injuste. Mon taux d’imposition est de moins de 20 %, alors que celui de mon assistante, qui n’a pas mes moyens, est de 28 %. Ce n’est pas correct. Cette réforme privera plus de 13 millions de personnes d’assurance maladie et devrait alourdir la dette de 1.500 milliards de dollars (environ 1.333 milliards d'euros) supplémentaires. Elle est néfaste. Il faut s’y opposer».