Le Parlement égyptien a parlé. En votant une réforme de la constitution, les 596 députés ont permis au président Abdel Fattah al-Sissi de rester au pouvoir jusqu’en 2030.
L'assemblée égyptienne a en effet voté ce mardi plusieurs amendements à la constitution, proposés en février par la majorité parlementaire acquise au pouvoir. Déjà approuvés ce week-end par la commission des lois égyptienne, personne ne s’attendait à ce que le texte soit retoqué par une assemblée largement acquise au chef de l’Etat.
D’abord, le premier amendement étend le mandat de président à 6 ans, au lieu de 4. Réélu en 2018 à 97% des voix, Abdel Fattah al-Sissi reporte le terme de son mandat de 2022 à 2024.
Ensuite, le second amendement autorise l'ancien maréchal à candidater pour un troisième mandat. Jusqu’ici la constitution limitait le nombre de mandats présidentiels à deux. Résultat : Abdel Fattah al-Sissi pourrait être reconduit à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe (98 millions habitants) jusqu'en 2030.
Un référendum à venir
La révision de la constitution doit désormais être définitivement validée par référendum. Mais nul ne doute qu’elle sera adoptée : depuis son arrivée au pouvoir en 2014, après le renversement par l’armée du président islamiste Mohammed Morsi, le «oui» l’a toujours emporté. Reste à savoir si le vote relèvera du plébiscite populaire : la seule variable inconnue demeure le taux de participation.
Seul un petit bloc d'opposition, soit une vingtaine de députés sur 596, et quelques célébrités, comme les deux acteurs vedettes égyptiens, Amr Waked et Khaled Abol Naga s'opposait à cette révision, sans succès.
A moins d'un coup de théâtre, celui dont le leadership est régulièrement dénoncé par les défenseurs des droits de l'Homme - accusé de torture, disparitions forcées, record d'exécutions capitales, emprisonnement d'opposants, musellement de la presse - peut désormais conserver sans efforts le pouvoir jusqu'en 2030.