Il semble indétrônable. Après les élections législatives en Israël, à l’issue d’une campagne où les invectives n’ont pas manqué, Benjamin Netanyahou devrait réussir à rester Premier ministre.
Une victoire quasi-assurée, obtenue grâce au jeu des coalitions et des alliances, alors que son parti remporte 35 sièges sur 120 à la Knesset, le Parlement israélien. Soit autant que son principal rival, Benny Gantz, qui a reconnu sa défaite. Il s’agirait de son cinquième mandat, un record, preuve de son ancrage solide dans la vie politique du pays, malgré les difficultés actuelles.
Benjamin Netanyahou n’était pourtant pas assuré de l’emporter, il y a encore quelques mois. Inquiété pour des faits de corruption présumée, de fraude et d’abus de confiance, avec une procédure de mise en examen lancée à son encontre, le Premier ministre a réussi à franchir l’obstacle judiciaire. Au pouvoir depuis 2009, il a, en premier lieu, pu s’appuyer sur un électorat très fidèle. Malgré les affaires, sa stature rassure les Israéliens proches du Likoud, son parti, classé à droite sur l’échiquier politique.
De plus, il a l’avantage d’être «audible sur la scène internationale», explique Elisabeth Marteu, chercheuse spécialiste du Proche-Orient à l’Institut international d’études stratégiques. Pour affirmer ce poids à l’étranger, il a notamment rendu visite à Donald Trump et à Vladimir Poutine, durant la campagne. «Il a montré qu’il pouvait parler aux plus grands, car il veut faire exister Israël dans le monde», poursuit la chercheuse. Une manière également de sous-entendre l’inexpérience de Gantz sur les dossiers géopolitiques.
Enfin, pour s’assurer une coalition la plus large possible, et donc une majorité à la Knesset, Benjamin Netanyahou n’a pas hésité à conclure des alliances avec plusieurs partis d’extrême droite sulfureux (Foyer juif ou Puissance juive). Le moyen de séduire une masse électorale qui penche de plus en plus à droite au fil des ans. Une stratégie déjà adoptée, dans une moindre mesure, par le passé, en faisant par exemple rentrer dans ses précédents gouvernements Avigdor Liberman, très à droite au Likoud, avec des propos très durs envers les Palestiniens.
Jouant sur cette droitisation de la vie politique israélienne, il a notamment pris pour cible les Arabes israéliens à plusieurs reprises, en affirmant par exemple qu’Israël «n’est pas l’Etat-nation de tous ses citoyens», mais «uniquement du peuple juif», quitte à créer la polémique à l’international.
Le processus de paix en veille ?
Sans cette coalition avec les partis d’extrême droite, Netanyahou pourra perdre la majorité à l’Assemblée, et donc son poste. Mais avec elle, les tensions régionales risquent d’augmenter. «Je ne vois pas comment le processus de paix entre Israël et la Palestine peut avancer dans cette situation», déplore Ofer Bronchtein, fondateur du Forum pour la paix.
D’autant que le leader du Likoud a promis d’annexer les colonies en Cisjordanie. Dans ce dossier explosif, la position de Donald Trump sera déterminante. Le président américain a en effet promis un «accord du siècle», pour mettre fin au conflit. Il a d’ailleurs affirmé hier que la victoire de Netanyahou était «une bonne nouvelle pour le plan» qui doit être présenté dans les prochaines semaines.