A l'occasion des élections législatives, plus de six millions d'Israéliens sont appelés à se rendre aux urnes mardi 9 avril, pour élire les 120 députés de la Knesset, le Parlement du pays. Ce vote déterminera qui, du Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou ou de son rival de centre-droit Benny Gantz, sera le futur chef d'Etat d'Israël. La campagne, qui est maintenant dans sa dernière ligne droite, a été marquée par plusieurs événements majeurs.
Le discours à droite toute de Benjamin Netanyahou
Durant la campagne, Benjamin Netanyahou, qui fait partie du Likoud, un parti classé à droite, n'a pas hésité à radicaliser son discours, de façon à séduire l'électorat le plus extrême. Le Premier ministre a notamment répété qu'Israël n'était «pas l'Etat de tous ses citoyens», mais qu'il était «l'Etat-nation du peuple juif, et uniquement du peuple juif», en référence à une loi controversée adoptée l'an dernier, qui a nourri la crainte chez les Israéliens non juifs de devenir des citoyens de seconde zone.
Une prise de position populiste, qui se retrouve dans le programme de Benjamin Netanyahou, 69 ans. Celui qui dirige Israël depuis 2009 a en effet affirmé que, s'il était réélu, il comptait annexer les colonies israéliennes installées sur les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie. Alors que cette occupation est déjà considérée par la communauté internationale comme un obstacle à la résolution du conflit israélo-palestinien, leur annexion pure et simple pourrait définitivement sonner le glas de la solution dite à deux Etats, c'est-à-dire à la création d'un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël.
Semblant prêt à tout pour se maintenir au pouvoir, Benjamin Netanyahou a même poussé deux partis alliés à s'unir avec une formation vue comme raciste et suprémaciste, Otzma Yehudit («Force juive» en français), qui avait pendant un temps été interdite dans le pays. Une manoeuvre politicienne qui doit permettre à cette alliance de petits partis de droite de franchir le seuil électoral de 3,25 %, et ainsi d'aider Netanyahou à former une coalition gouvernementale, mais qui pourrait dans le même temps faire entrer au Parlement israélien le représentant d'un mouvement d'extrême droite.
Benjamin Netanyahou à la rencontre de chefs d'Etats controversés
Pour insister sur sa stature d'homme d'Etat - et ainsi montrer l'inexpérience politique de ses adversaires -, Benjamin Netanyahou n'a pas hésité durant sa campagne à se montrer avec des dirigeants étrangers. Mais pas n'importe lesquels. Que des chefs d'Etats controversés, connus soit pour leur populisme, soit pour leur autoritarisme.
Le premier d'entre eux a été Donald Trump, rencontré à la Maison Blanche le 25 mars dernier. En guise de «cadeau» à son «ami» israélien, le président américain a «formellement» reconnu lors de cette visite la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, un territoire revendiqué par la Syrie mais annexé par Israël en 1981. Une annexion jamais reconnue par la communauté internationale.
Le Premier ministre israélien, surnommé «Bibi» par ses partisans, a ensuite eu la visite d'un autre de ses alliés, le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, du 31 mars au 3 avril. Ce dernier a également fait un geste en faveur de Benjamin Netanyahou, en l'accompagnant au Mur des Lamentations à Jérusalem-Est, devenant le premier chef d'Etat à effectuer une telle visite au côté d'un Premier ministre israélien. Ce qui peut apparaître comme une reconnaissance tacite de l'annexion israélienne de cette partie de la ville, qui date de 1980.
Le dirigeant israélien a terminé sa séquence internationale en se rendant à Moscou, le 4 avril dernier, pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Nouveau président et nouveau «cadeau» pour Benjamin Netanyahou, à savoir la remise du corps d'un soldat israélien, porté disparu depuis la guerre du Liban de 1982 et retrouvé par la Russie avec l'aide d'Israël.
la révélation benny gantz
Lorsqu'en décembre dernier, Benjamin Netanyahou a annoncé la convocation d'élections anticipées en avril, avant l'échéance de novembre 2019, personne ne semblait pouvoir s'opposer à sa réélection dans un fauteuil. Mais aujourd'hui, à la veille du scrutin, plus rien n'est sûr. La faute à Benny Gantz, ancien chef d'état-major et candidat du parti de centre-droit Bleu et Blanc (les couleurs du drapeau israélien). Ce novice en politique, qui s'est lancé dans la campagne le 21 février dernier, est aujourd'hui au coude-à-coude avec Netanyahou dans les sondages, même si les projections de vote pour les autres partis sont favorables à un bloc de droite dirigé par ce dernier.
Benny Gantz, dont le programme rejoint sur beaucoup de points celui de son rival, joue à fond sur son image réconciliatrice, après des années de divisions semées selon lui par les années Netanyahou. «Israël doit choisir : soit Bibi avant tout, soit Israël avant tout», résume-t-il. L'ancien parachutiste de 59 ans promet également la «tolérance zéro» contre la corruption, visant avec ces propos le Premier ministre sortant, sous le coup d'une inculpation pour plusieurs affaires après les élections.